Avant toute chose, il faut lutter contre les préjugés sociaux qui génèrent des abus et de la violence. Dans nos sociétés, il existe des préjugés selon lesquels les femmes handicapées seraient inutiles à la société. Pour cette raison, elles sont rarement scolarisées, se voient rarement confier des tâches quotidiennes et étudient très peu. Comment donc ces jeunes filles pourraient-elles devenir des femmes accomplies? Ma bataille est d'en finir avec les stéréotypes et de promouvoir l'image de la femme handicapée dans la société malienne. Pour que les femmes n'aient pas à se regarder dans ce miroir brisé, qu’elles puissent finir par se marier, avoir des enfants et tenir une maison, être productives et au service du développement économique de leur pays.
Djikiné Hatouma Gakou
Ce fut un facteur déterminant pour moi, d’abord de me voir refuser certains droits au motif que j'étais une personne handicapée, et en plus de me heurter à des barrières supplémentaires du fait que j'étais une femme. Cela me donnait un sentiment d'injustice qui provoquait chez moi de l’indignation. À cette époque, je ne concevais pas la chose sous l’angle de l'intersectionnalité, mais je l’expérimentais et je sentais vraiment que le fait d’être une femme était très discriminant. Cela me conduisit d'abord vers le mouvement pour les droits des femmes. Cela s’est avéré très utile dans mon cas, car ce fut une introduction qui m’a permis de mieux comprendre la situation sociale que nous - des personnes handicapées de ma connaissance et moi-même - vivions. C'est d’ailleurs ce qui m'a motivée à travailler dans le domaine des droits des personnes handicapées.
Silvia Quan
D’après moi, une des plus précieuses contributions du comité et bien sûr de la Convention en tant qu’instrument des droits humains, a été l'analyse intersectionnelle de la violation des droits humains. Si pour les personnes handicapées l’accès aux services est limité, nous pensons que lorsque leur handicap est combiné avec un autre facteur, celui d'être indigène ou de vivre dans des zones rurales par exemple, leur situation peut être pire encore. La Convention précisément traite de ce sujet. Cet instrument relatif aux droits humains avait été pris en compte et par conséquent c'est une interprétation qui enrichit la loi internationale sur les droits humains.
Silvia Quan
Dans le cadre d’une logique d’intégration, les ODD et d’autres processus croisent désormais le handicap avec d'autres sujets. Les questions du handicap sortent désormais de la sphère du handicap pour entrer dans la sphère générale. La même chose se produit avec le lien entre pauvreté et handicap. Il faudrait absolument croiser ces problématique entre elles, et je me réjouis que des questions telles que intersection entre genre et handicap soient posées. On pourrait faire plus en matière d'analyse croisée et considérer le handicap en relation avec d'autres contextes, tels que la guerre, l'immigration et les camps de réfugiés.
Sanna Laitamo
Dans le monde entier, les discriminations sont nombreuses, notamment à l'encontre des migrants. Dans l’optique de l’analyse intersectionnelle, cela affecte naturellement aussi les personnes handicapées. J'ai une amie féministe qui dit en substance, que si l’on fait de la discrimination pour un motif, on en fait pour tous les motifs (par exemple, discrimination contre les migrants signifie presque automatiquement discrimination contre les indigènes, les femmes, les personnes handicapées). C’est un risque réel auquel nous sommes confrontés.
Silvia Quan
Si nous voulons réellement obtenir le respect de nos droits, nous devons faire pression sur les gouvernements, aux côté d'autres organisations, a fortiori de l'organisation des personnes “diff-abled”. La mise en réseau avec d'autres organisations, telles que l'organisation du travail ou d'autres organisations travaillant en faveur des enfants ou de l'environnement, me semble aussi une question importante. Il reste à l’évidence beaucoup à faire, si l’on veut associer l'organisation des personnes “diff-abled” à d'autres types d'organisation. C'est une formidable démarche à entreprendre.
Setia Adi Purwanta
Je cite en exemple les succès qu’ont remportés les associations de femmes en matière de représentation politique, à tel point qu'il est rare aujourd’hui de ne pas prendre en compte les droits des femmes. Et pourtant, la société civile se doit d’être toujours là pour les rappeler quand cela concerne le handicap. C'est un message fort d’encouragement de la société civile à s'autonomiser, à renforcer sa participation politique et à s'impliquer dans la vie politique des pays. Par exemple, si je cherche un travail, je vais me concentrer sur l'emploi; si j'aime l’art, je m’intéresserai au droit à la culture. Je pense qu’il faut avoir plus de stratégie, s’intéresser à la vie politique de nos pays et avoir une vision globale des droits humains. Le mouvement des personnes handicapées doit se donner les moyens d’agir sur ses propres droits et mener des actions politiques, prendre en compte l’objectif de parité des sexes et intégrer les intérêts d'autres groupes confrontés aussi à des discriminations au sein de la société, tels que que les enfants, les personnes âgées, les indigènes, parce que j'ai le sentiment que même si la Convention offre cette analyse intersectionnelle, il reste difficile pour les personnes handicapées d'englober d'autres luttes.
Silvia Quan
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