Avant l’avènement-même de la Convention, il y avait une prise de conscience chez les personnes handicapées. Mais quand on a signé la Convention et qu’on a commencé à vulgariser ce document, on a vu qu’il y a eu un éveil et ça a suscité un déclic chez les personnes handicapées qui ont été conscientes à partir de ce moment de leur force ; d’abord ça a leur a donné confiance en eux-mêmes et ils ont été de plus en plus regardants par rapport à ce que l’Etat fait concernant les droits des personnes handicapées. Bref, ça a suscité un éveil de conscience qui nous a aidés à aller de l’avant dans l’inclusion des personnes handicapées.
Moctar Ba
Avec la Convention, on sent de plus en plus qu’il y a des actions menées qui font qu’aujourd’hui les personnes handicapées peuvent parler et ont le droit à la parole, mais elles ont aussi le droit à l’information, ce qui n’était pas possible pour certains types de handicap. Nous voyons également que tous les textes qui sont élaborés –du moins à l’élaboration- intègrent la dimension handicap. Ce sont des avancées qui sont notées au plan textuel, au plan politique, notamment aussi au plan des ressources allouées aux associations de personnes handicapées à la Fédération Togolaise des Associations de Personnes Handicapées par le gouvernement -surtout, qui reconnait aujourd’hui que son travail fait partie des missions que l’Etat devrait réaliser.
Ayassou Komivi
La Convention a eu aussi des conséquences à l’échelle individuelle, personnellement ça m’a permis de comprendre que j’ai un rôle à jouer dans la société, dans la vie de ma communauté. Et de manière générale, cela montre aussi que les personnes handicapées sont capables de faire quelque chose. Puisque mon premier constat quand nous avons dispensé la formation sur le premier projet Vilazou à Tamatave, c’est que la perception des personnes handicapées a changé ; Voir des personnes handicapées en position de formateur, surtout dans le domaine des droits, ça leur a vraiment plu. Et surtout, cette façon de travailler a modifié leur perception négative du handicap. En disant que les personnes handicapées sont capables d’être productif comme tout le monde.
Hugues Rakoto Ramambason
Les apports de la Convention sont multiples, il y a d’abord le fait que depuis un certain nombre d’années, les personnes handicapées sont conscientes qu’elles ont des droits comme tout le monde. Qu’elles doivent jouir des droits de l’homme au même titre que tout le monde. Cette prise de conscience est très importante, parce qu’elle suscite beaucoup de mouvements pour réclamer ses droits. Je me souviens encore des dernières élections au Niger où nous avons eu quelques 7 candidats à la législation, au niveau de l’Assemble Nationale. Ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire des personnes handicapées ; nous avions eu deux candidats en 2011, mais ça aussi c’était dans le sillage de la Convention. Et il y a quelque 50 candidats au niveau des élections locales. Ce qui est à mon avis une prise de conscience inégalée. Une volonté de participer aux instances décisionnelles du pays. On a même eu à Niamey. Au gouvernorat, on a eu une de nos membres qui a été nommé secrétaire générale adjointe au gouvernorat de Niamey et qui a été très appréciée pendant le mandat qui s’est achevé du président de la République. On retrouve là au niveau de la présidence de la république un conseiller chargé de la culture, du sport ; On a des chargés de mission au niveau de la présidence, au niveau de la primature, des personnes aveugles et des personnes avec handicap moteur. Si vous voulez, le changement a commencé.
Siddo Oumarou
Avant la Convention, les personnes handicapées n’étaient pas représentées. Si vous n’êtes pas représentés lors de ces comités villageois, cela signifie que lorsque le village élabore son plan d’action, vos préoccupations ne sont pas prises en compte. Mais on a constaté depuis que, de plus en plus, les comités intègrent les personnes handicapées et font participer les organisations qui les représentent dans l’élaboration des plans d’action pour la dimension handicap figure dans ces plans. Car si cette préoccupation n’est pas inscrite à l’étape d’élaboration, il est fort probable qu’à l’exécution on ne pensera même pas aux personnes handicapées. Ce sont des changements notables qu’on a connus. En dehors de ça, certaines personnes handicapées qui sont nommés à des postes de décision ce qui n’était pas le cas, puisqu’on reconnait aujourd’hui que les PH doivent être à des postes de décisions.
Ayassou Komivi
Bien sûr que avant, il y avait cette peur de sortir de la maison, il y avait cette vision stéréotypée pour la société ; maintenant, je pense qu’il y a beaucoup de personnes handicapées qui participent dans la société privée, dans différentes activités, que ce soit personnel ou dans les ONG, même dans les partis politiques, on voit déjà qu’il y a cette inclusion, cette participation des PSH.
Bodo Razafinimanana
Dans les instances dans lesquelles je participe, on parle aujourd’hui de la participation des personnes handicapées comme un sujet central que l’on retrouve dans les principes de la convention et qui a été le point central du plaidoyer des organisations de personnes handicapées pendant le processus d’élaboration (Nothing about us without us). Par exemple, quand on parle aujourd’hui de la gestion d’un service, il est plus facile qu’avant de mettre l’accent sur la participation des personnes handicapées. A travers la Convention, cette participation n’est pas souhaitée ou facultative, ou à mettre en œuvre si elle possible ou dans la mesure du possible, elle simplement est réellement obligatoire. La Convention va très loin sur ce sujet, elle donne aux personnes handicapées et aux organisations qui les représentent une place centrale pour tout ce qui les concerne. Ça parait évident comme ça, mais vous vous doutez qu’il y a encore beaucoup de personnes qui restent sur des approches du handicap plus paternalistes et/ou dominé par le monde médical et les professionnels sociaux. Le pouvoir ne se donne jamais, il faut le prendre. Cela reste un combat à mener par les personnes handicapées et leurs organisations. Et si rien n’est encore gagné, il est certain que la convention est une arme de poids dans ce combat quotidien.
Philippe Chervin
Une des leçons que l’on peut tirer de la Convention est qu’il faut toujours inclure les personnes handicapées, ce que traduisait bien cette devise: « Rien sur nous sans nous ». La participation des personnes handicapées a contribué à produire un texte de qualité qui a sensibilisé les délégués. […] Les choses ont changé, maintenant nous serions tentés de dire: « Rien (du tout) sans nous », ce qui signifie que le handicap doit être considéré comme une thématique transversale dans toutes les politiques. Cela peut parfois être difficile à comprendre, dans la mesure où la conception des programmes et des lois spécifiques persiste. Maintenant, grâce à la Convention et aux objectifs de développement durable (ODD), nous avons démontré que nous pouvons contribuer à changer le monde.
Pamela Molina
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