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Au Nord-Kivu, aider Inaya à marcher malgré la malnutrition

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Réadaptation | Urgence | République démocratique du Congo | PUBLIÉ LE 4 novembre 2024
Portrait d'une jeune femme assise, portant sur ses genoux une fillette qui tient quelque chose dans ses mains. Derrière elles, on devine des tentes et des bâtiments.

Amani et sa fille Inaya dans le camp de personnes déplacées de Bulengo, au Nord-Kivu. | © E. N’Sapu / HI

Quand Amani a fui les conflits avec sa fille Inaya, la malnutrition a entraîné des retards de développement chez la fillette. Avec l’aide de HI, elle apprend aujourd’hui à les surmonter.

Fuir la guerre

Amani* (prénom d’emprunt), 27 ans, est née et a grandi à Kausa, un petit village situé à environ 50 km à l’ouest de la ville de Goma, dans l’est de la République Démocratique du Congo. Contrée de collines verdoyantes et fertiles, elle a l’aspect trompeur d’un havre de paix. Pourtant, une crise y fait rage depuis trente ans : trente longues années de conflit, alimenté par des enjeux politiques, ethniques et économiques ; trente années d’une violence terrible pour les populations civiles et qui ont vu plus de 2,7 millions de personnes1 prendre le chemin de l’exil. Fuyant les exactions, elles abandonnent leurs foyers, leurs terres et leurs proches pour se réfugier dans des camps où elles nourrissent encore l’espoir de pouvoir rentrer chez elles un jour et y vivre dans le calme et la quiétude.

Amani et sa famille font partie de ces personnes déplacées loin de chez elles par les conflits. Arrivée en novembre 2023 dans le camp de Bulengo, Amani y vit désormais avec son époux et ses quatre enfants. Là, malgré les difficultés, le quotidien reprend ses droits ; dans un camp où les ressources manquent, Amani se bat chaque jour pour assurer la subsistance de sa famille.

« Au camp, ma routine est la suivante : je me lève très tôt chaque jour pour aller chercher du bois de chauffage. Je rentre vers 18h, puis je range le bois pour le vendre au marché. Avec cet argent, j'achète de quoi nourrir mes enfants », explique Amani.

Les conséquences indirectes du conflit

La fuite forcée de la famille entre précipitation et chaos, les conditions de vie précaires sur les routes, le manque de ressources financières et la désorganisation des services ont sûrement été autant de facteurs à l’origine des problèmes de santé de la petite Inaya*. Peu de temps après leur arrivée au camp de Bulengo, Amani se rend compte que la santé de sa fille de deux ans se dégrade.

« La maladie d’Inaya a débuté par une diarrhée et elle a commencé à perdre du poids. Quand elle est tombée malade, j'en ai parlé à un voisin qui m’a fait remarquer qu’elle présentait des signes de malnutrition. Au bout d’un certain temps, j’ai constaté que ma fille ne pouvait pas marcher comme les autres enfants, pas même à quatre pattes. Elle restait assise par terre et se souillait elle-même. Elle s’affaiblissait beaucoup… »

Un jour, voyant un travailleur communautaire effectuer des tests de routine dans son secteur, Amani lui demande d'examiner sa fille. Le résultat est sans appel : Inaya est dans un état critique. L’homme oriente une Amani très inquiète vers le centre de santé CBCA qui propose des soins gratuits.

« Je suis allée au centre de santé et ils m'ont donné des médicaments et des aliments très nutritifs, ce qui a aidé Inaya à aller mieux. Ce sont eux qui m’ont parlé de HI, m’expliquant qu’ils aidaient les enfants ayant souffert de malnutrition à se remettre. »

Une enfant rétablie et joyeuse

Dès qu’elle présente des signes de rétablissement, Inaya est référée à HI. Là, accompagnée par les équipes de kinésithérapeutes de l’association, elle commence un cycle de séances qui lui permettent de rattraper les retards de développement accumulés à cause de la malnutrition.

La thérapie de stimulation, du nom de cette pratique, utilise le jeu comme outil thérapeutique : en l’invitant à manipuler des ballons gonflables ou des fruits en plastiques, en jouant avec Amani et la kinésithérapeute, Inaya réalise des mouvements qui lui permettent de mobiliser et de renforcer ses muscles. Elle s’éveille, retrouve le goût et le plaisir de jouer et d’explorer son environnement. La petite fille ose de nouvelles expériences et reprend ainsi peu à peu le cours de son développement. Les résultats ne se font pas attendre longtemps : encouragée par les acclamations de sa maman, Inaya se met debout pour la première fois.

« La première fois, elle ne parvenait pas à marcher. Mais dès la deuxième séance, elle a réussi à faire quelques pas. Quand nous sommes arrivées ici, mon enfant semblait handicapée mais aujourd'hui je la vois joyeuse, elle joue et s’amuse. Elle bouge bien et son handicap a disparu. Je suis très heureuse et je remercie sincèrement ceux qui ont contribué à cette guérison, que Dieu les bénisse », se réjouit Amani.

Un grand sourire illumine le visage d’Inaya qui trottine jusque dans les bras de sa mère pour s’y blottir. Ensemble, elles quittent le centre de santé de HI et se frayent un chemin dans les rues animées du camp.

Le projet "Réhabilitation, action humanitaire inclusive, santé mentale et soutien psychosocial et thérapie de stimulation pour les groupes vulnérables en Afrique subsaharienne touchée par des crises" est déployé en RDC, Somalie et en RCA. Financé par GFFO et ADH, il a débuté en juillet 2024 et se prolonge jusqu’en juin 2026. Dans le cadre de phase 2 du projet, 2 800 enfants ayant vécu des épisodes de malnutrition et leurs parents seront accompagnés en thérapie de stimulation afin de prévenir et réduire les retards de développement.

1. OCHA juin 2024

Projet mis en œuvre avec le soutien de :

Logo de Deutsche Humanitäre Hilfe - Aide humanitaire allemande Logo de Aktion Deutschland Hilft

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