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Comment le déminage a transformé le village de Yem Yon

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Réduction de la violence armée | Cambodge | PUBLIÉ LE 4 novembre 2024
Yem Yon est l'un des dix agriculteurs autorisés à remettre en culture les terres entourant le village, depuis qu'elles ont été défrichées.

Yem Yon est l'un des dix agriculteurs autorisés à remettre en culture les terres entourant le village, depuis qu'elles ont été défrichées. | © HI partners

Depuis que le Cambodian Self Help Demining (CHSD), partenaire local soutenu par HI, a déminé la zone au début de l'année, Yem Yon peut enfin cultiver sa terre après des décennies d'interdiction.

Yem Yon est un agriculteur de Tbaeng Lich, un village situé sur une terre qui a été largement contaminée pendant le régime des Khmers rouges.

Une mine antipersonnel retrouvée dans un champ

Yem Yon est originaire du village de Tbaeng Lich, dans le district de Siem Reap, au nord du Cambodge. Après les bombardements intensifs des États-Unis pendant la guerre du Viêt Nam (concentrés dans la région nord-est du Cambodge, le long de ses frontières avec le Laos et le Viêt Nam) et les trois décennies de conflit armé qui ont suivi, cette région doit encore faire face à une contamination massive par des engins explosifs, notamment des mines antichars, des mines antipersonnel et des engins non explosés tels que des mortiers, selon l'Observatoire des mines.

Yem Youn n’a pas connu la guerre et il a toujours voulu croire que son village serait épargné. Et puis, il fallait bien qu’il continue de travailler dans les champs pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais un jour, alors qu’il labourait une nouvelle parcelle de terrain, le jeune agriculteur est tombé sur un objet métallique suspect.

Il se souvient avoir couru chez son grand-père pour lui demander s'il pouvait s'agir d'une mine antipersonnel. Ce dernier, ancien soldat de l'armée cambodgienne ayant combattu les Khmers rouges, lui a confirmé qu'il s'agissait bien d'une mine.

Yem Yon et d'autres agriculteurs du village ont donc rapidement fait circuler la nouvelle au sein de la communauté. Les autorités ont également été alertées par les villageois qui ne voulaient plus être confrontés à la menace des engins explosifs.

Cependant, en raison de la géographie du terrain, des inondations régulières et de l'étendue des terres minées, son village et les villages voisins ont dû attendre cette année avant de pouvoir bénéficier des opérations de déminage. Au début de l'année 2024, la nécessité de décontaminer la zone a finalement été confiée au CHSD.

En 4 mois, la zone a pu être décontaminée et déclarée sûre

L'équipe cambodgienne de déminage autonome (CSHD), soutenue par HI, a joué un rôle déterminant dans la lutte contre la menace. En collaboration avec diverses autorités locales, l’organisation a commencé les opérations de déminage et, en avril, la zone a été déclarée sûre. Entre janvier et avril 2024, la CSHD, avec le soutien de HI, a déminé 14 hectares de terres autour du village de Yem Yon et 3 199 personnes des zones environnantes ont bénéficié du déminage pendant cette période.

Un nouvel espoir pour le village

Depuis, 10 familles, dont celle de Yem Youn, ont été autorisées à recultiver leur terre.

« Je suis si heureux. Désormais, les gens viennent dans mon village pour cultiver mais aussi pour pêcher, nous pouvons vendre les produits de nos récoltes sur les routes avoisinant nos terrains », raconte Yem Yon avec enthousiasme.

Grâce au travail de déminage de la CSHD, un village entier a enfin retrouvé une vie "normale".

« Même nos enfants peuvent venir jouer dans la région en toute tranquillité », ajoute Yem Yon.

La dépollution réussie des terres a non seulement permis d'assurer la sécurité, mais aussi d'ouvrir de nouvelles perspectives de croissance économique.  

« Le déboisement pour rendre les terres plus sûres a également permis de les rendre cultivables. Cela me sécurise, je vais pouvoir augmenter mes rendements et subvenir davantage aux besoins de nos familles. »

Ce nouvel espoir, ce soulagement des communautés, sont essentiels pour Chhun Bora, le directeur des opérations du CSHD. Lui, qui désamorce des mines depuis plus de trente ans, est toujours aussi heureux lorsqu’ils rencontrent les villageois à l’issue des opérations de déminage.

« Je le vois dans leurs sourires, et parfois certaines familles m'invitent même chez elles pour célébrer cette victoire sur les cicatrices de la guerre. C'est une grande fierté pour moi de voir que ces personnes pourront non seulement vivre en sécurité, mais aussi récupérer leurs terres et leurs moyens de subsistance. »

Le Cambodge est l'un des pays les plus touchés par les engins explosifs

Avec environ 4 à 6 millions de munitions explosives (dont les mines antipersonnel, les armes à sous-munitions, les munitions non explosées, les munitions abandonnées, les pièges, les autres engins tels que définis dans la convention sur certaines armes) et les engins explosifs improvisés, le Cambodge est considéré comme l'un des pays les plus touchés par les restes explosifs.

Outre la contamination héritée de la guerre du Viêt Nam, les Khmers rouges ont fait un usage intensif des mines antipersonnel pour piéger les femmes, les hommes, et les enfants qui tentaient d'échapper au régime dictatorial de 1975 à 1979.

2 millions de mètres carrés de terres contaminées doivent encore être déminées, ce qui entrave le développement socioéconomique du pays. Cette contamination affecte gravement la sécurité des civils et les moyens de subsistance des populations rurales en compromettant l'accès aux ressources productives, aux marchés et aux services sociaux de base. Cette menace reste un obstacle majeur à la sécurité et au développement des Cambodgiens dans près de 20% des villages que compte le pays. La stratégie nationale de lutte contre les mines du Cambodge pour 2018-2025 vise à remettre à disposition toutes les zones contaminées par des mines terrestres connues. Selon l'Observatoire des mines, bien que des progrès significatifs aient été réalisés, d'importantes zones restent contaminées et il est difficile de respecter le délai de déminage fixé à 2025. Un soutien international continu, une meilleure sensibilisation aux risques et le renforcement des capacités locales sont essentiels pour assurer la sécurité et le développement à long terme des communautés touchées au Cambodge.

L'engagement de HI pour un avenir plus sûr

HI, présente au Cambodge depuis 1994, est à l'avant-garde de la lutte contre ces dangers. Grâce à des initiatives telles que le système cambodgien d'information sur les victimes de mines/UXO (CMVIS) et des partenariats avec le Centre cambodgien d'action contre les mines (CMAC), HI a joué un rôle crucial dans le renforcement des capacités du pays en matière de déminage et de gestion des risques.

Le fait que HI se concentre sur des régions fortement contaminées comme Siem Reap et Kampong Thom témoigne de son engagement à lutter contre la menace persistante des munitions non explosées (UXO). Ses efforts ne se limitent pas à la dépollution des terres dangereuses ; HI se consacre également à l'éducation des communautés sur les risques associés aux munitions non explosées. En éliminant ces vestiges mortels des conflits passés, HI ouvre la voie à un avenir plus sûr et plus prospère pour les familles cambodgiennes. Son travail permanent transforme des paysages autrefois dangereux en zones d'opportunités, favorisant la résilience et promouvant la paix dans un pays encore aux prises avec les séquelles de la guerre.

HI soutient une ONG locale appelée CSHD (Cambodia Self Help Demining). Le rôle de HI est d'aider CSHD dans sa mission et d'améliorer la qualité de ses opérations.  Le projet DARM soutient les opérations de CSHD dans les provinces de Siem Reap et de Kampong Thom 2 363 209 mètres carrés de terrain ont été décontaminés à ce jour. 28 membres du personnel du CSHD ont été formés à l'enquête non technique et à l'enquête technique. Grâce à ce projet, plus de 6 000 personnes ont bénéficié directement ou indirectement des opérations de déminage.

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