partager
Prise en charge d’un jeune blessé par les équipes de HI à l’hôpital de Kyeshero à Goma aux cotés de MSF. | © HI
Robert Muzuri Rugoheza, chef de projet en santé mentale et soutien psychosocial de HI, témoigne de la vie quotidienne à Goma et des besoins urgents de la population.
La vie à Goma aujourd’hui est marquée par une forte tension. Les habitants vivent dans la peur et le stress à la suite des affrontements.
« À cela s’ajoute l’absence de services de base : les structures de santé, les écoles et les marchés sont souvent détruits ou non fonctionnels, rendant la vie quotidienne extrêmement difficile. »
La ville connaît de fortes pénuries de nourriture, d’eau potable et de services de santé. Les marchés encore debout fonctionnent au ralenti, de nombreuses écoles sont fermées et les infrastructures sont endommagées, plongeant la population dans une situation de détresse psychologique et de précarité extrêmes.
Les personnes déplacées qui quittent les sites autour de Goma prennent plusieurs directions en fonction de la situation sécuritaire, de leurs ressources et de leurs réseaux familiaux ou communautaires. Certaines tentent de retourner dans leur village d’origine, malgré l’incertitude et les risques persistants, dans l’espoir de retrouver leur maison ou leurs terres. D’autres cherchent refuge dans des zones jugées plus sûres, souvent chez des proches, dans des écoles et des églises à l’intérieur de la ville de Goma, ou dans des localités moins exposées aux combats. Parfois, elles vont encore plus loin, dans des pays voisins comme l’Ouganda.
« Récemment, un patient s’est confié à moi : nous avons dû quitter le site de personnes déplacées pour retourner chez nous, disait-il, mais je ne sais pas comment rentrer. Et que retrouverons-nous là-bas ? Tout a été emporté... »
Cependant, ces mouvements de population sont souvent entravés par les combats en cours, la présence de postes de contrôle armés et l’état des infrastructures, parfois détruites par la guerre. Ainsi, le retour des personnes déplacées dans leur zone d’origine autour de Goma reste extrêmement risqué. L’insécurité est omniprésente : sur place, des combattants continuent de représenter une menace directe pour les civils.
« Les affrontements sporadiques, les pillages et les enlèvements sont monnaie courante, rendant le retour des populations imprévisible. Par ailleurs, de nombreuses zones sont minées ou jonchées d’engins explosifs, ce qui augmente le risque de blessures graves ou de décès. »
Enfin, le traumatisme psychologique lié à la guerre, à la perte de ses proches et à l’incertitude sur l’avenir peuvent rendre la réintégration des personnes qui reviennent encore plus complexe.
C’est précisément dans ce contexte que nous intervenons : HI déploie ses équipes pour répondre aux besoins urgents des populations affectées par la guerre à Goma et ses environs, en particulier auprès des personnes plus vulnérables comme les blessés, les personnes handicapées, les enfants et les survivants de violence.
Dans deux hôpitaux de Goma, celui de Kyeshero et celui de Ndosho, HI mobilise ses professionnels spécialisés, des kinésithérapeutes, pour travailler aux côtés de Médecins Sans Frontières et du Comité International de la Croix Rouge.
« La priorité est d’assurer des soins immédiats aux blessés, en fournissant des services de réadaptation physique et fonctionnelle ainsi que la fourniture d’aides à la mobilité, comme des béquilles ou des cannes. »
Nous prévoyons de continuer le déploiement de notre réponse d’urgence dans les plus brefs délais, dès que les conditions sécuritaires permettront un accès sûr aux zones les plus touchées autour de Goma. Les priorités immédiates incluent la prise en charge psychosociale et la réadaptation physique et fonctionnelle pour les personnes affectées.
Plusieurs difficultés entravent notre intervention, comme l’insécurité persistante, les routes impraticables ou les munitions non explosées, ainsi que l’accès limité aux ressources essentielles. Notons également les pillages, dont celui de l’entrepôt de HI début février, qui peuvent bloquer la prise en charge des blessés de guerre ou des autres urgences médicales. Pour HI, certaines activités comme la thérapie de stimulation ont également dû être suspendues suite au pillage des sites où se trouvait le matériel nécessaire à la prise en charge des enfants malnutris.
Tout cela complique le déploiement de l’aide humanitaire, mais nous restons mobilisés pour y faire face et apporter dès que possible une aide nécessaire et urgente.
HI est une organisation de solidarité internationale indépendante et impartiale, qui intervient dans les situations de pauvreté et d’exclusion, de conflits et de catastrophes. Œuvrant aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables, elle agit et témoigne, pour répondre à leurs besoins essentiels, pour améliorer leurs conditions de vie et promouvoir le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
Là où sévissent les conflits, les catastrophes naturelles, la pauvreté et l’exclusion, nous travaillons aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables pour améliorer leurs conditions de vie.