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Sokhina et Rozina : le chemin de l’indépendance pour une mère et sa fille handicapée

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Réadaptation | Santé | Urgence | Bangladesh | PUBLIÉ LE 9 octobre 2024
Sokhina, 33 ans pose avec sa fille Rozina, 7 ans, atteinte de paralysie cérébrale, devant leur maison.

Sokhina, 33 ans, avec sa fille Rozina de 7 ans qui a une paralysie cérébrale. | © T. Adnan / HI

Dans la région de Kurigram au Bangladesh, particulièrement affectée par les événements climatiques, une mère célibataire se bat chaque jour pour améliorer le quotidien de sa fille handicapée.

Une femme puissante

Puissante, c’est bien le mot qui nous vient lorsqu’on observe Sokhina manipuler sa fille à l’aide de la kinésithérapeute de HI. Puissante et profondément courageuse, lorsqu’elle aide Rozina à se tenir assise, ou quand elle la soutient pour l’aider à marcher.

Sokhina, 33 ans, et sa fille Rozina, 7 ans, sont installées à même le sol sableux, au centre de trois maisons en taules. Aujourd’hui, la séance de réadaptation dispensée par HI peut avoir lieu à l’extérieur car il n’a pas encore plu de la matinée. Un miracle, en pleine saison de la mousson au Bangladesh.

En cas de fortes pluies, tous les logements du quartier restent inondés pendant plusieurs jours. Cette jeune mère célibataire et ses deux filles vivent avec leurs proches juste derrière le bazar de Jatrapur, dans le sous-district de Kurigram Sader, depuis bientôt 10 ans.

Avant cela, Sokhina vivait ailleurs avec son ex-mari. Une union forcée, alors qu’elle était encore adolescente et qui s’est violemment achevée.

« Mon mari a demandé le divorce parce que ma deuxième fille, Rozina, est née avec un handicap », explique-t-elle.

Exclues des activités sociales et religieuses

Quand elle répond aux questions de HI, Sokhina maintient son regard et la tête haute comme si rien ne pouvait plus l’abattre désormais. Contrainte de retourner vivre chez ses parents, Sokhina raconte avoir passé les cinq premières années de vie de Rozina à son chevet.

« Je passais la majeure partie de ma journée à m'occuper d'elle, notamment pour la nourrir, lui faire sa toilette, la baigner et l'habiller. »

Sokhina et ses filles ont aussi longtemps été privées de toutes activités sociales ou religieuses :

« Les voisins nous excluaient des réunions sociales et me qualifiaient de folle. Pour eux, c’était de ma faute si ma fille était handicapée. Je me sentais tellement impuissante et tant inquiète pour l’avenir de ma petite Rozina. »  


En novembre 2022, un volontaire de HI dans la ville de Kurigram propose à Sokhina de rencontrer les équipes de réadaptation du projet MISEREOR. Habiba Khatun, la référente technique en réadaptation de HI se souvient de l’état de Rozina à l’époque. La petite fille ne pouvait ni s’asseoir, ni se tenir debout, ni marcher, ni même parler en raison d'une infirmité motrice cérébrale.

À force d'être allongée sur un lit en bois, dans la même position pendant longtemps, et de ne pas bouger, Rozina avait aussi développé une plaie à la fesse, et a également été confrontée à de graves convulsions plusieurs fois par jour.  
Suite à l’évaluation de ses besoins, HI a fourni à la famille un siège spécial et un cadre de marche pour améliorer sa position assise et debout ainsi que renforcer son tonus musculaire. Elle a également reçu un jouet thérapeutique pour améliorer le fonctionnement de sa main.

HI a également permis de rendre plus accessible leur logement, en installant une rampe devant l’entrée de la chambre pour permettre à Rozina de se déplacer à l’intérieur du logement. Rozina a également été référée vers un neurologue afin de pouvoir soigner ses troubles convulsifs et son hypertonie musculaire.

Vers une autonomie financière

Aujourd’hui, Sokina est très fière de tous les progrès de sa fille. La mère de famille a aussi pu bénéficier du soutien de HI afin d’augmenter ses capacités financières. Sokina a reçu une machine à coudre et a participé à une formation de couturière.

« Depuis que je suis bénéficiaire de HI, j’ai appris beaucoup de choses comme la couture, mais également comment accompagner Rozina sur le plan de sa réadaptation fonctionnelle. Désormais, mon entourage me respecte. Tout ce que je souhaite c’est que ma fille se rétablisse et que je puisse l’éduquer ! », conclue Sokhina.


HI mène actuellement trois projets dans la région de Kurigram au Bangladesh. Le premier est une réponse d'urgence basée sur le renforcement des capacités des partenaires locaux. Deux autres projets à long terme visent à soutenir les personnes handicapées et les personnes qui s'occupent d'elles par le biais de services de réadaptation, de santé mentale et de soutien psychosocial. HI apporte un soutien économique à ces groupes vulnérables afin de les aider à augmenter leurs revenus par le biais d'activités locales de subsistance. HI travaille enfin à la réinstallation des communautés touchées par les inondations dans la région.

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