LA RÉADAPTATION COMPTE
L’APPEL AU RENFORCEMENT DE L’ACCÈS À LA RÉADAPTATION, LANCÉ PAR LES PERSONNES VIVANT DANS LES ZONES TOUCHÉES PAR LES CONFLITS
#RehabMatters #ReadCompte
Une personne sur trois dans le monde vit avec des problèmes de santé pour lesquels la réadaptation pourrait être bénéfique.
Bien que les besoins en réadaptation et en technologies d’aide soient énormes, ils restent largement non satisfaits, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire, et dans les zones touchées par les conflits. Plus de 50 % des personnes nécessitant de la réadaptation ne peuvent pas accéder aux services.
Dans les zones touchées par les conflits, la disponibilité, l’accessibilité (dont l’accessibilité financière) et la qualité des services de réadaptation et des technologies d’aide sont encore plus compromises. Néanmoins, nous savons que les conflits provoquent une hausse soudaine du nombre de blessures et de maladies graves, ce qui augmente les besoins en réadaptation.
Pendant et après les conflits, les personnes sollicitant des services de réadaptation et une technologie d’aide rencontrent des obstacles supplémentaires : vulnérabilité des systèmes de santé déjà fragiles, forte perturbation des services, infrastructures endommagées, pénurie de professionnels de la santé et de la réadaptation, pénurie de matériel et insécurité généralisée. D’autres obstacles peuvent s’ajouter, notamment les situations de déplacement, d’exclusion et de maltraitance, la perte de revenu, le manque d’information accessible sur les services disponibles et la distance par rapport aux services de réadaptation.
L’utilisation d’armes explosives et la pollution par des engins explosifs qui en résulte et qui demeure à long terme engendrent des répercussions non seulement sur les individus, mais aussi sur leurs familles, leurs communautés et la société toute entière.
En 2022, les mines et les restes explosifs de guerre ont fait au moins 4 710 victimes, dont 3 015 survivants blessés. 85 % des victimes enregistrées étaient des civils, et plus de la moitié d’entre eux étaient des enfants12. La même année, les armes explosives ont fait 31 273 victimes, dont 17 038 qui ont potentiellement un besoin d’assistance à long terme13. Parmi ces victimes, 66 % étaient des civils. Ce pourcentage s’élève à 90 % lorsque ces armes sont utilisées en zones peuplées. Il a été démontré que la réadaptation et les technologies d’aide permettaient de réduire les complications de santé chez les personnes qui survivent, et de favoriser leur autonomie, leur participation à la vie et leur productivité économique.
La réadaptation est une composante essentielle de « l’assistance aux victimes », au même titre que le recueil de données, les lois et les politiques, les soins médicaux d’urgence et continus, le soutien psychosocial et psychologique, et l’inclusion socio-économique.
Les cadres politiques qui existent dans le domaine de l’assistance aux victimes devraient servir de boussole pour déployer des efforts cohérents et efficaces, et structurer la redevabilité. Pourtant, ces engagements ne sont traduits en actions que partiellement. Trop de personnes subissent les conséquences physiques, sociales et mentales des conflits, et un trop grand nombre de victimes luttent pour accéder aux services dont elles ont besoin, dont les services de réadaptation, en vue de réaliser leur potentiel et de participer pleinement à la vie et à la société.
FOCUS PAYS
Le rapport « La réadaptation comptes » porte sur l’accès à la réadaptation et aux technologies d’aide dans les zones touchées par les conflits, particulièrement en Colombie, en Irak et en République Démocratique Populaire (RDP) du Laos.
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COLOMBIE
• Pendant des décennies, la Colombie a été le théâtre d’un conflit prolongé entre le gouvernement national, les groupes insurgés FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et ELN (Armée de libération nationale), et plusieurs organisations criminelles.
• Plusieurs autres groupes armés restent actifs à travers le pays, détériorant les conditions de sécurité dans les régions les plus reculées. En 2022, certains groupes armés non étatiques utilisaient toujours des mines antipersonnel dans le pays.
• Malgré des progrès importants dans la réforme des différentes lois et politiques, il subsiste de nombreuses lacunes en matière d’accès à l’assurance maladie, aux soins de santé, aux services de réadaptation physique et à l’assistance humanitaire, et les indemnités gouvernementales restent inaccessibles pour de nombreuses personnes en raison de longues périodes d’attente et de procédures complexes.
• La baisse du financement des activités d’assistance aux victimes via la coopération internationale aggrave la situation des personnes souffrant des conséquences du conflit.
• Le pourcentage de la population de personnes handicapées varie selon les enquêtes et les recensements. Selon les Enquêtes sur la qualité de vie réalisées en 2018 et en 2019, 7,7 % de la population colombienne vit avec un handicap.
• L’Irak fait partie des pays signalant une pollution massive par des mines antipersonnel (plus de 100 km²). Les types de pollution sont des plus divers : pollution par des mines terrestres héritées du conflit Iran-Irak dans les années 1980 et des première et deuxième guerres du Golfe en 1991 et 2003, et pollution résultant du conflit de 2014-2017 entre l’État islamique d’Irak et de Syrie (ISIS) et les forces pro-gouvernementales.
• Ce dernier type de pollution englobe des engins explosifs improvisés abandonnés dans la zone contrôlée par l’ISIS ainsi que des grenades, des roquettes, et des obus de mortier non explosés près du front.
• Les zones reprises à l’occupation de l’ISIS sont devenues inhabitables et inaccessibles en raison de ces menaces. La pollution par les engins explosifs fait considérablement obstacle au retour des personnes déplacées internes et aux actions humanitaires.
• On estime qu’environ 12 % de la population irakienne présente une forme de handicap. Ce chiffre atteint 18 % parmi les enfants.
• Les personnes blessées lors du conflit récent ont un accès limité aux services de santé primaires et spécialisés, y compris à la réadaptation, et attendent longtemps pour recevoir la technologie d’aide dont elles ont besoin. Les personnes atteintes de maladies chroniques doivent supporter des frais élevés pour leurs soins de santé.
IRAK
LAOS
• La RDP du Laos a le taux le plus élevé du monde en matière de pollution par des sous-munitions non explosées, conséquence des bombardements auxquels ont procédé les États-Unis entre 1964 et 1973, larguant plus de deux millions de tonnes de bombes et plus de 270 millions de sous-munitions. On estime qu’environ 80 millions de bombes à sous-munitions non explosées demeurent dans les sols du Laos.
• Depuis le début de la guerre en 1964, plus de 50 000 personnes ont été tuées ou blessées par ces engins.
• Le nombre de personnes ayant des besoins en réadaptation est majoritairement dû aux maladies non transmissibles, aux accidents de la route, au vieillissement ainsi qu’aux blessures provoquées par des engins non-explosés.
• La réadaptation est principalement assurée au sein des services hospitaliers et des centres de réadaptation publics, généralement par des kinésithérapeutes. Les organisations internationales et non gouvernementales apportent un soutien significatif en matière de développement des professionnels, de fourniture de technologies d’aide et de dialogue politique.
• Selon le recensement de la population et du logement du Laos de 2016, environ 2,8 % de la population âgée de plus de 5 ans vit avec un handicap, mais ce chiffre est probablement sous-estimé, car la prévalence mondiale du handicap s’élève à 16 %. L’estimation de l’OMS est de 23 % (OMS, 2019).
ANDRÉS, GLORIA, HMOUD, SHAHA, M. DEE, M. NGOK ET MME XOUA
sont des femmes et des hommes d’âges différents et aux profils variés : victimes d’armes ou d’engins explosifs, personnes déplacées internes, personnes handicapées et aidants.
Ils ont partagé les expériences qu’ils ont vécues en matière d’accès à la réadaptation et aux technologies d’aide en Colombie, en Irak et en RDP du Laos.
Cliquez sur chaque portrait pour en savoir plus.
L'HISTOIRE D'ANDRES - «ALLER DE L'AVANT»
Andrés circulait à moto entre Guayacana et Llorente (dans le département de Nariño) lorsqu’une bombe cylindrique a explosé à proximité de sa moto.
Âgé de 23 ans à l’époque de l’accident, Andrés a aujourd’hui 41 ans. Il a été gravement blessé et a subi de nombreuses interventions chirurgicales : deux amputations sur sa jambe droite, une opération du thorax, une trachéotomie, et des reconstructions du bras et du tympan.
145 victimes de mines et de restes explosifs de guerre ont été enregistrées en Colombie en 2022. La Colombie fait partie des cinq pays où de nouveaux cas d’utilisation de mines antipersonnel par des groupes armés non étatiques ont été signalés en 2022. En effet, le nombre d’incidents dus à une mine attribuée à un groupe armé non étatique a augmenté de 30 % par rapport à 2021 (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2023).
À l’hôpital, il a suivi des séances de kinésithérapie et d’orthophonie, puis a entamé le processus pour recevoir sa première prothèse. La seconde amputation l’a très durement touché psychologiquement. Il se sentait en colère, triste et désabusé. Pourtant, il n’a bénéficié d’aucun soutien psychologique à ce moment-là.
L’assistance aux victimes a toujours été l’un des piliers de l’action humanitaire contre les mines les moins financés (5 % de l’enveloppe mondiale globale de l’action contre les mines en 2021 et en 2022). En 2021, la part du soutien financier international accordée à l’assistance aux victimes dans le budget mondial de l’action contre les mines a atteint le niveau le plus bas enregistré depuis 2016 malgré des besoins croissants (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2022 et 2023).
Une fois sorti de l’hôpital, Andrés s’est installé à Pasto, la capitale du département de Nariño en Colombie, où il pouvait avoir un meilleur accès aux services et commencer une nouvelle vie. Grâce à des interventions continues en ergothérapie et en kinésithérapie, Andrés avait repris espoir, mais il ne savait toujours pas ce qu’il allait faire après. Andrés a pu compter sur le soutien psychosocial, économique et juridique que lui ont apporté Humanité & Inclusion et la « Pastoral Social », une commission diocésaine de la ville de Pasto.
« Mon rétablissement a été un processus amer, car le système est précaire et que l’État accorde peu d’attention et d’aide aux victimes. »
Tout en surmontant la douleur physique et émotionnelle, Andrés a tout fait pour trouver la meilleure prothèse répondant à ses besoins et à ses préférences. Son parcours n’a pas été facile dans un système qui considère encore que les technologies d’aide de bonne qualité et hautement technologiques (comme les prothèses) sont des produits de luxe. Au début, il a reçu une prothèse basique, fournie par le système public. Cependant, cette prothèse ne lui procurait pas une mobilité complète ni une indépendance totale. Il ne pouvait pas, par exemple, marcher sur des chemins cahoteux ni monter les escaliers, et la prothèse était inconfortable et douloureuse. Il savait que cette prothèse n’était pas adaptée pour lui, alors il a commencé à chercher une prothèse qui répondrait mieux à ses besoins. Lorsqu’il a eu une idée claire de ce dont il avait besoin, il est allé chez un traumatologue pour obtenir une ordonnance. Dans sa quête, Andrés s’est heurté à plusieurs obstacles administratifs, et a dû faire beaucoup d’allers-retours entre un service médical et un autre. De plus, les professionnels de la santé ont souvent contesté sa demande, considérant qu’une meilleure prothèse relevait d’une question de confort et non de nécessité.
Andrés a finalement obtenu une prothèse de haute technologie six ans après l’accident. Grâce à sa détermination, il a réussi à obtenir une couverture financière totale de sa prothèse via un mécanisme public de protection. Depuis lors, il a fait modifier sa prothèse deux fois, afin de l’ajuster et d’en préserver la qualité. Recevoir et adapter une prothèse requiert de se déplacer souvent à la capitale, Bogotá, et d’y rester pendant de longues périodes. Le coût des déplacements et des séjours représentait une dépense importante pour Andrés qui n’a jamais abandonné et a entrepris différents projets professionnels pour compléter l’allocation sociale à laquelle il avait droit.
Le coût d’une prothèse peut varier considérablement selon la qualité, la marque et le niveau de technologie. En Colombie, une prothèse de membre de haute qualité peut coûter environ 20 000 USD, alors que le salaire mensuel moyen est d’environ 300 USD.
Étant donné que l’accessibilité financière des technologies d’aide dépend également des coûts inhérents aux déplacements et à la perte de revenus que doivent supporter les utilisateurs et leurs familles pour accéder aux services, il convient d’envisager des mesures adéquates pour réduire ces coûts indirects (OMS et UNICEF, « Global Report on Assistive Technology », 2022).
Bien qu’Andrés n’ait pas pu réaliser son rêve d’étudier dans l’armée de l’air et qu’il ait été contraint de suspendre temporairement ses études, il a réussi à terminer ses études universitaires en génie civil et a obtenu son diplôme en 2022. Il cherche actuellement des opportunités professionnelles dans ce domaine.
Andrés est une personne active dans sa vie personnelle et au sein de sa communauté. Avec sa prothèse de bonne qualité, il fait du sport et a intégré un groupe paralympique. De plus, Andrés est devenu une personne référente dans la stratégie de soutien par les pairs mise en place par la « Pastoral Social ».
Andrés est assurément la preuve qu’il est possible de passer à autre chose. Grâce à des visites, à une écoute active et à un partage d’expérience, il accompagne d’autres personnes qui vivent la même chose qu’il a vécue il y a des années, en tant que victime d’engins explosifs.
Le Plan d’action d’Oslo, adopté en 2019, définit 50 actions concrètes que les États parties à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel devraient prendre d’ici à 2025 afin de progresser de manière tangible vers l’objectif de mettre fin aux souffrances provoquées par les mines antipersonnel. L’une de ces actions fait explicitement référence à la mise en place de d’un ensemble complet de services de réadaptation et de soutien psychologique et psychosocial, y compris par le biais de programmes de soutien par les pairs.
« Grâce au soutien par les pairs, les personnes récemment blessées par un engin explosif peuvent réaliser qu’il est possible d’aller de l’avant. »
L’HISTOIRE DE GLORIA - « PRENDRE SOIN DE SOI POUR PRENDRE SOIN DES AUTRES »
Gloria se souvient très bien de cette nuit d’avril 2009, quand le téléphone a sonné et qu’on lui a ordonné de quitter sa maison.
« Nous mettrons le feu à votre maison si vous ne partez pas dans 48 heures, mais d’abord, nous brûlerons votre fils handicapé. »
Fin 2022, 4,8 millions de personnes étaient enregistrées comme déplacées internes en Colombie, en conséquence du conflit et de la violence (Observatoire des situations de déplacement interne, 2023).
Gloria vivait avec sa famille dans une municipalité rurale du district de Nariño, sous contrôle des forces paramilitaires après de durs combats pour le territoire. Les huit membres de la famille de Gloria ont immédiatement pris la fuite, dont son fils, Sebastian, atteint de trisomie 21 et souffrant de plusieurs complications de santé. Ils se sont dirigés vers Pasto, la ville principale du district, où vivaient des proches de la famille. « L’appartement de nos proches était trop petit pour nous accueillir tous, nous avons dû dormir par terre, et la nourriture manquait », explique Gloria. Sebastian qui avait 17 ans à l’époque, avait beaucoup de mal à s’adapter, et la peur ne le quittait pas.
In 2023, 23,000 persons with disabilities were registered in Pasto. Of those, 3,000 are victims of the conflict. (Secretaría de Salud, Alcaldía de Pasto).
Cependant, les choses se sont améliorées avec le temps. Quelques mois plus tard, les membres de la famille ont été reconnus comme « personnes déplacées internes » par les autorités publiques, et ont ainsi eu accès à une assistance humanitaire. Gloria et son fils ont obtenu le droit de vivre dans un appartement fourni par les services sociaux.
Fuir leur maison a été une expérience traumatisante, mais Gloria y a également vu un côté positif. À Pasto, une « grande » ville plus grande, son fils Sebastian a reçu les soins de santé, les services de réadaptation et l’assistance sociale dont il avait besoin, Cela n’était pas possible dans le petit village où ils vivaient, lourdement touché par le conflit armé.
Dans le monde, les services de réadaptation sont généralement concentrés dans les zones urbaines, ce qui implique des difficultés d’accès pour les personnes vivant dans les zones éloignées et/ou rurales. Ces difficultés sont exacerbées dans les contextes marqués par la violence et l’instabilité, et soumis à la menace des mines, dans lesquels il est encore plus complexe de se rendre sur les lieux des prestations de services. Nariño est l’un des 16 départements de Colombie pollués par des mines (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2022).
Depuis que la famille s’est installée dans cette nouvelle ville, Sebastian suit régulièrement des séances d’ergothérapie et d’orthophonie. Ces interventions de réadaptation l’ont beaucoup aidé à développer sa coordination, son habilité et ses compétences en communication. De plus, Sebastian fait partie du groupe de musique organisé par la Fondation Batuta et il aime se produire avec les autres membres du groupe.
Bien que Gloria soit globalement satisfaite du soutien que son fils a reçu, il a été difficile pour Sebastian d’accéder à la kinésithérapie dont il a besoin pour ses problèmes d’équilibre, en raison de la longue liste d’attente et du nombre limité de lieux permettant de consulter un professionnel.
La grande majorité des services de réadaptation, dont la kinésithérapie, sont dispensés au niveau des soins de santé secondaires et tertiaires (hôpitaux et centres spécialisés), et sont pratiquement absents au niveau des soins primaires. La fourniture de services de réadaptation au niveau des soins de santé primaires, aussi près que possible des lieux de vie des individus, permet d’en améliorer l’accès.
De plus, le régime de protection sociale couvre les coûts des soins médicaux et de la réadaptation, mais certains produits onéreux sont exclus de cette couverture, comme les produits dermatologiques et les couches.
Durant la pandémie de COVID-19, les services sociaux, sanitaires et de réadaptation ont été fortement perturbés. « Malgré quelques visites de santé et des séances de thérapie à distance, Sebastian a régressé, car les visites physiques sont bien plus efficaces. » Ce fut une période très difficile pour Gloria et Sebastian qui vivaient isolés et craignaient la maladie, au vu de l’état de santé fragile de Sebastian.
Durant la pandémie de COVID-19, les restrictions de la liberté de mouvement, les exigences de distanciation physique et la priorisation de certains services de santé ont eu un impact disproportionné sur de nombreuses personnes handicapées et leurs familles, ce qui a eu des incidences sur leur accès aux services essentiels nécessaires au maintien de leur santé et de leur fonctionnement (OMS, « Global report on health equity for persons with disabilities », 2022).
Prendre soin de Sebastian est une occupation à temps plein pour Gloria qui gagne de modestes revenus en cousant et en peignant des produits artisanaux, activités qu’elle réalise chez elle afin de rester toujours disponible pour Sebastian. Elle a pu mettre en place son activité génératrice de revenus grâce au soutien de la « Pastoral Social » qui lui a fourni une machine à coudre et des matériaux pour démarrer son activité.
Gloria est également active au sein d’un groupe local d’aidants. Suite à une formation organisée par Humanité & Inclusion, Gloria assure un soutien par les pairs auprès d’autres aidants qui traversent des situations difficiles, sollicitent des conseils pratiques ou ont tout simplement besoin de se confier et d’être écoutés.
La Loi 2281, adoptée en 2023, crée le premier « Système national de soins » de Colombie. Celui-ci vise à « reconnaître, réduire, redistribuer, représenter et rétribuer le travail de soins rémunéré et non rémunéré à travers un modèle co-responsable entre l’État, le secteur privé, la société civile, les familles, les communautés, et entre les femmes et les hommes dans toutes leurs différences et toute leur diversité ».
Au niveau international, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a adopté en octobre 2023 la résolution sur l’importance des soins et de l’assistance du point de vue des droits de l’homme.
« Ce que j’ai appris de plus important dans mon parcours et que je transmets toujours aux autres aidants, c’est que nous devons prendre soin de nous avant de pouvoir prendre soin des autres. »
L’HISTOIRE DE HMOUD, UN ANCIEN SOLDAT QUI SE BAT POUR RETROUVER ESPOIR
La vie de Hmoud Khalaf Sulaiman a basculé le 2 février 1988 durant la guerre Iran-Irak. À l’époque, Hmoud avait 33 ans. Il servait dans l’armée irakienne lorsqu’il a été touché par un obus de mortier. Cette horrible blessure a entraîné la paralysie de trois de ses membres.
Hmoud vit actuellement dans la ville d’Intesar, dans la province de Ninawa. Lui et sa famille ont dû fuir leur ville natale, Sinjar, lorsque l’ISIS est arrivé. Dans sa nouvelle ville, il loue une petite maison où il vit avec sa femme, leurs deux fils et leurs épouses et enfants. À cause de sa blessure de guerre, il est incapable de se tenir debout et de marcher. Il utilise un fauteuil roulant pour se déplacer dans la maison. Il a besoin d’aide pour prendre soin de lui et accomplir les activités quotidiennes. Hmoud se souvient exactement comment il a été blessé : « Je n’avais pas attaché mon casque de combat, j’aimais le porter de manière stylée. Lorsque le mortier a frappé, mon casque a volé et j’ai été touché. J’étais à Basra, à la frontière de l’Irak et de l’Iran. J’ai été immédiatement transporté à Bagdad pour une opération chirurgicale ouverte de la tête. »
La blessure a eu des répercussions considérables sur la vie de Hmoud. Sa motivation, son espoir et sa force ont laissé place à un sentiment d’isolement et de déception. Il n’est pas autonome dans sa vie quotidienne, incapable d’assister aux rassemblements sociaux, et il a dû abandonner son activité d’achat et de vente de véhicules, un passe-temps qui le faisait voyager à travers le pays.
Dans les entretiens menés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) avec 81 représentants d’organisations de personnes handicapées en Irak, les répondants ont indiqué que les capacités des personnes handicapées et la contribution qu’elles peuvent apporter aux communautés ne sont pas reconnues. Lorsque les personnes handicapées ne sont pas (perçues comme) des membres actifs de leurs communautés, elles deviennent isolées et marginalisées. (OIM, « Persons with disabilities and their representative organizations in Iraq: Barriers, challenges, and priorities », 2021).
« J’ai honte de demander aux autres de m’aider à me déplacer. Dès l’instant où je me suis assis sur ce fauteuil roulant, j’ai commencé à ressentir l’exclusion. »
Il aimerait assister aux cérémonies et aux rassemblements familiaux, mais se déplacer est un véritable défi, car les bâtiments, les lieux publics, les routes et même les infrastructures de services ne sont pas accessibles. Hmoud occupe son temps en naviguant sur Internet et en se faisant des amis en ligne.
Hmoud n’a pas dû attendre longtemps avant de recevoir un fauteuil roulant adapté. Cependant, les interventions en réadaptation qu’il a reçues n’ont pas été suffisantes. Peu de temps après la blessure, il a suivi des séances de kinésithérapie pendant environ un mois. « Après seulement un mois de kinésithérapie, j’ai réussi à marcher avec des béquilles sur 8 à 10 mètres et j’ai été progressivement capable de réaliser différentes tâches à la maison », se souvient-il. Cependant, ces grands progrès ont été annihilés, car Hmoud a dû interrompre son programme de réadaptation pendant une longue période.
Dans la République fédérale d’Irak, chaque gouvernorat fournit des services de réadaptation dans son principal centre de réadaptation spécialisé. Il existe également un petit nombre de services de kinésithérapie dans les hôpitaux généraux, mais aucun n’est disponible au niveau des soins de santé primaires ou communautaires
(Humanity & Inclusion Irak, « Health Technical Strategy 2023-25 »).
De nombreux obstacles se sont dressés sur son chemin : l’absence de services dans la région où il vivait, l’aggravation de la situation financière du foyer où seuls les deux fils apportaient un revenu modeste, le manque de soutien gouvernemental et le soutien limité des organisations humanitaires. De plus, Hmoud n’était pas à l’aise pour faire certains exercices avec une femme kinésithérapeute.
Il est crucial non seulement d’augmenter le nombre de professionnels de la réadaptation formés et de créer des postes, mais également de garantir la diversité des genres au sein des professionnels. En effet, dans le monde entier, les services sont souvent dispensés sans tenir compte des besoins ou des exigences des différents genres
(ReLAB-HS, « Rehabilitation through a gender lens », 2021).
Bien qu’au cours des dernières années, Hmoud ait bénéficié des interventions en réadaptation de l’ONG Humanité & Inclusion, celles-ci n’ont pas été suffisantes, après ces nombreuses années, pour restaurer la mobilité qu’il avait acquise.
Hmoud espère recevoir d’autres services de réadaptation pour améliorer sa mobilité. Le manque de soutien public et humanitaire est problématique dans la région où vit Hmoud, qui est polluée par des engins explosifs et où de nombreuses personnes continuent de subir quotidiennement les conséquences des conflits.
En 2022, les déplacements internes prolongés, les menaces associées aux engins explosifs et la disponibilité limitée des services de base et des moyens de subsistance ont laissé 2,5 millions de personnes toujours dans le besoin d’une assistance humanitaire en Irak.
Malgré les efforts considérables déployés par les acteurs humanitaires pour déminer les zones polluées, environ 3 016 km² de terres restent polluées. L’étendue totale de la pollution n’a pas été définie
(OCHA, « Humanitarian Needs Overview Iraq », 2022.)
« Si j’avais pu faire de la kinésithérapie pendant plus longtemps juste après l’accident, je ne serais pas en fauteuil roulant aujourd’hui »,
L’HISTOIRE DE SHAHA, UNE ENFANT DONT LA VIE A ÉTÉ BOULEVERSÉE À JAMAIS PAR UNE EXPLOSION
Shaha est âgée de 9 ans, elle est en CE2 et vit dans la région rurale de Rajam Hadid, en Irak. Son moment préféré dans l’année est la célébration musulmane de l’Aïd, car elle reçoit des vêtements. « J’adore les poupées et les vêtements », dit-elle.
Lorsque Shaha avait 3 ans, elle a fui avec ses parents et ses sept frères et sœurs, car l’ISIS avait pris le contrôle de leur quartier. Alors qu’ils migraient vers une autre région, un engin explosif improvisé (EEI) a explosé, causant la mort du père de Shaha et de deux de ses sœurs, et blessant gravement trois autres membres de sa fratrie. Shaha a souffert de graves brûlures à la main et à l’épaule, et a été blessée à la mâchoire et à l’œil par les éclats d’obus.
L’Irak est l’un des pays du monde les plus fortement pollués par des engins explosifs. On estime que 3 225 km² de terres sont polluées. En 2021, on a estimé que 8,5 millions d’habitants dans le pays étaient en danger en raison de cette pollution
(rapport d’Humanity & Inclusion, 2021, « No safe recovery: The impact of Explosive Ordnance contamination on affected populations in Iraq »).
À un si jeune âge, Shaha a déjà subi cinq opérations chirurgicales de la mâchoire et trois opérations de l’œil. Elle porte maintenant une prothèse oculaire et des lunettes. Shaha avait des difficultés à bouger sa main droite, mais grâce aux interventions en kinésithérapie réalisées par des professionnels de l’ONG Humanité & Inclusion, elle est maintenant capable de bouger sa main et ses doigts. En grandissant, Shaha aura besoin de séances de kinésithérapie supplémentaires pour conserver une bonne mobilité de la main.
La mère de Shaha est reconnaissante pour le soutien qu’ont apporté ses voisins, ses amis et le personnel d’Humanité & Inclusion. « Avec l’aide de personnes d’une grande gentillesse, nous avons pu payer les opérations pour l’œil de Shaha, et le soutien d’Humanité & Inclusion a non seulement aidé Shaha mais m’a aussi encouragée à rester forte. » Sans cela, la famille n’aurait pas pu payer les soins de santé et de réadaptation, car la seule source de revenu était les activités de couture de la sœur de Shaha.
Les horreurs de la guerre ont provoqué des souffrances physiques mais aussi psychologiques.
« Le psychologue de Shaha a dit que sa vie s’était arrêtée au moment de l’explosion », rapporte la mère de Shaha.
Après l’explosion, Shaha ne parlait plus, faisait constamment des cauchemars et développait des troubles de l’alimentation. Les séances de psychothérapie auxquelles elle a participé pendant un an et demi ont eu des effets très positifs sur son bien-être et sa capacité à communiquer. Aujourd’hui, Shaha est contente d’aller à l’école malgré les difficultés auxquelles elle doit faire face : « Les filles se moquent de moi parce que je porte des lunettes et que j’ai des brûlures ».
Les problèmes de santé mentale augmentent dans les pays pollués par des engins explosifs, car le fait de vivre des événements traumatisants et éprouvants provoqués par une violence de longue durée peut entraîner de graves conséquences : faible estime de soi, incapacité permanente à vie, dépression, sentiments d’insécurité, repli social, automutilation et suicide
(Humanity & Inclusion Irak, « Health Technical Strategy 2023-25 »).
Il n’y a aucun service de santé, aucun terrain de jeu ni aucune école à proximité de la maison de la famille de Shaha . En hiver, les enfants ont du mal à aller à l’école, car les rues non pavées sont boueuses. Shaha pleure parfois pour ne pas aller à l’école, car elle doit marcher longtemps pour s’y rendre.
Bien que les ONG humanitaires aient été réactives pour répondre aux besoins de Shaha, les dépenses qu’il reste à couvrir pour les médicaments et le transport représentent une charge considérable pour la famille. Il y a peu de chance que ces coûts diminuent à l’avenir. L’état de santé de Shaha nécessite un suivi médical régulier, et en grandissant, elle devra subir une autre opération chirurgicale de l’œil. L’un des frères de Shaha a une tumeur au cerveau qui provoque de graves lésions cérébrales et nécessite de multiples opérations chirurgicales. « Outre les coûts liés à la santé, il y a de longues listes d’attente, même pour une simple analyse de sang, en raison de la pénurie de professionnels de santé », explique la mère de Shaha.
Malgré les programmes qui existent pour soutenir les personnes handicapées et leurs aidants, de nombreuses personnes handicapées ne parviennent pas à recevoir les indemnités de protection sociale.
Pour en faire la demande, les personnes doivent commencer par se rendre en ville dans un centre, puis leur « degré » de handicap doit être évalué (en %), ce qui implique plusieurs déplacements et des procédures compliquées.
Par conséquent, les personnes handicapées comptent souvent sur les ONG pour leurs besoins élémentaires
(Action Contre la Faim, « Accessing social protection in Iraq: Mapping of program and analysis of barriers », 2023, ET Humanity & Inclusion Iraq, « Health Technical Strategy 2023-25 »).
La famille reste forte et unie. Le frère aîné de Shaha est leur repère depuis la mort de leur père. Ils l’appellent « baba » (papa). Il est étudiant en deuxième année d’anesthésiologie et a de grandes ambitions pour soutenir sa famille au mieux.
L’HISTOIRE DE M. DEE, SURVIVANT D’UN ACCIDENT DE LA ROUTE ET MÉCANICIEN ACCOMPLI
M. Dee est mécanicien, il est marié et père de deux enfants de moins de 5 ans. À l’âge de 16 ans, il circulait à moto avec son cousin pour se rendre dans une ferme où ils avaient trouvé un emploi, dans une région connue pour ses routes sinueuses et escarpées. Les freins de sa moto ne fonctionnaient pas bien, et il n’a pas pu éviter de heurter les barrières de sécurité en béton le long de la route.
En RDP du Laos, le nombre annuel d’accidents de la route a augmenté de 35 % entre 2010 et 2020, et le nombre de morts a augmenté de 67 %, atteignant plus d’un millier. Les récits des survivants témoignent de la gravité des conséquences des accidents sur la santé des individus et la situation financière des familles (Banque mondiale, communiqué de presse n° : 2022/030/EAP, 2021).
Alors qu’il était étendu sur le sol, il ne ressentait aucune douleur. Cependant, il réalisé que la blessure était grave quand il a constaté qu’il ne pouvait pas se relever. Heureusement, son cousin n’a pas été blessé. Il a placé M. Dee en sécurité sur le bord de la route et a repris la moto pour aller avertir les parents de M. Dee. Ses parents ont réussi à trouver une voiture et sont allés récupérer leur fils qu’ils ont conduit à l’hôpital le plus proche, à quatre heures de route. Le médecin a immédiatement jugé nécessaire d’amputer sa jambe gauche, juste sous le genou.
« Je ne savais rien de l’amputation et du handicap. J’étais très inquiet pour mon avenir. Je me demandais surtout si j’allais pouvoir travailler et me marier. »
De plus, il se sentait coupable à cause de la déception qu’il pensait susciter, étant donné que le fils aîné est traditionnellement censé prendre soin de toute la famille. Pendant le mois qu’il a passé à l’hôpital, il est resté allongé dans son lit en permanence. Il n’a pas bénéficié de soutien psychosocial, ni reçu de prothèse, de services de réadaptation ou d’informations concernant ces services. Cela l’a plongé dans une profonde dépression. De retour chez ses parents, il ne sortait pratiquement pas de sa chambre. Très peu d’amis venaient le voir.
Heureusement, son cousin qui travaillait dans l’armée lui a parlé des services de réadaptation que proposait un hôpital plus grand, mais plus éloigné. Il a fallu près d’un an à la famille de M. Dee pour pouvoir l’emmener au centre de rééducation, un laps de temps considérable compte tenu de l’incidence d’une amputation sur le bien-être psychologique et physique d’un jeune homme.
Les coûts des soins médicaux et du transport étaient pris en charge par le système public, mais les frais de transport n’étaient remboursés qu’après le premier rendez-vous à l’hôpital, et les frais des accompagnants n’étaient pas pris en charge. Ce n’est qu’après un an, lorsque la famille de M. Dee a réussi à rassembler la somme d’argent nécessaire, qu’ils se sont rendus au centre de rééducation pour poser la jambe prothétique. Le père de M. Dee est resté avec lui au centre pendant deux semaines, ce qui lui a coûté environ 200 USD.
Les pays marqués par les conflits développent souvent la fourniture de services de réadaptation et de technologies d’aide afin de répondre aux besoins des vétérans et/ou des victimes, comme cela s’est produit à la suite de la guerre civile laotienne (1959-1975).
Les cadres d’action de l’assistance aux victimes précisent cependant spécifiquement qu’aucune discrimination ne doit être faite à l’encontre ou parmi les victimes, ni entre les survivants et les autres personnes handicapées, qui devraient bénéficier des services de la même manière.
« Avec ma jambe artificielle, j’ai eu une nouvelle vie et j’ai repris grandement confiance. J’ai décidé d’aller vivre dans la capitale et de suivre un programme de formation professionnelle pour devenir mécanicien. »
En améliorant le fonctionnement des individus, la réadaptation et les technologies d’aide améliorent leur accès à l’éducation et aux activités professionnelles, ainsi que leur participation sociale, ce qui contribue grandement à renforcer leur capacité à participer dans tous les domaines de la vie.
Le retour sur investissement est considérable : pour chaque dollar investi dans les aides techniques, le retour est de neuf dollars (Partenariat mondial pour les technologies d’aide, 2020, « The Case for Investing in Assistive Technology »).
En 2020, avec le soutien d’Humanité & Inclusion, il a réussi à acquérir des compétences en gestion d’entreprise et à ouvrir son propre garage, au rez-de-chaussée de l’immeuble où vit sa famille, dans une rue animée de la ville provinciale de Sam Neua. Il bénéficie également d’un soutien pour accéder à la réadaptation de façon continue. En effet, M. Dee doit changer de jambe prothétique environ tous les deux ans, ce qui implique chaque fois un séjour d’une semaine à l’hôpital.
Il est très satisfait de son entreprise, et il a beaucoup de clients fidèles. Enfin et surtout, en tant que fils aîné, il est fier de pouvoir soutenir ses parents comme il se doit.
« La plupart des clients ne savent rien de ma jambe. Ils ne le remarquent pas. Je peux faire la plupart du travail tout seul. Quand j’ai besoin d’aide pour soulever des charges lourdes, mes voisins et mes amis viennent m’aider. »
L’HISTOIRE DE M. NGOK - « TOUS LES SURVIVANTS DEVRAIENT AVOIR ACCÈS AUX SERVICES DE RÉADAPTATION »
M. Ngok avait 8 ans lorsqu’il a perdu sa main droite dans un accident impliquant un engin non explosé (ENE). Son enseignant avait emmené toute la classe chercher du bois dans la forêt. M. Ngok était en train de couper des racines, lorsque sa machette a heurté un ENE. L’accident a tué un enfant et a blessé deux autres élèves. À l’époque, M. Ngok ne pouvait pas savoir qu’il y avait des ENE et il n’a pas reconnu l’arme qui a provoqué l’explosion, mais il pense maintenant qu’il s’agissait d’une bombe à sous-munitions.
Lancées depuis le sol ou larguées par avion, les bombes à sous-munitions sont composées de conteneurs qui s’ouvrent et dispersent des sous-munitions au hasard dans un large périmètre. Jusqu’à 40 % d’entre elles n’explosent pas durant l’impact. Elles deviennent alors de fait des mines terrestres qui tuent et mutilent aveuglément, longtemps après la fin du conflit. La RDP du Laos a le taux le plus élevé du monde en matière de pollution par des restes de bombes à sous-munitions non explosées résultant des bombardements aériens auxquels ont procédé les États-Unis entre 1964 et 1973 durant la guerre du Viêt Nam.
Aujourd’hui, M. Ngok a 38 ans, il est agriculteur et vit dans le district rural de Houameuang (dans le nord du Laos) avec sa femme et ses enfants. « C’était vraiment difficile de faire les travaux pénibles dans les champs avec une seule main », confie-t-il. En effet, M. Ngok a dû attendre près de vingt ans avant de pouvoir accéder aux services et aux produits de réadaptation dont il avait besoin.
Après l’accident, les médecins n’ont d’abord amputé que les doigts, mais le membre étant endommagé par les produits chimiques de l’arme, ils ont fini par amputer toute la main lors des interventions chirurgicales suivantes.
M. Ngok se souvient du sentiment de désespoir qu’il a ressenti lorsqu’il a compris qu’il n’avait plus sa main droite. Le soutien de ses parents et des médecins, et la présence d’autres enfants à l’hôpital, qui avaient été blessés comme lui, l’ont aidé à penser qu’il devait continuer à vivre.
Durant le mois qu’il a passé à l’hôpital, il n’a pas eu de séances kinésithérapie, de prothèse ou d’autres services et produits de réadaptation, et n’a reçu aucune information concernant ces services.
En RDP du Laos, la réadaptation est principalement dispensée dans les hôpitaux centraux et provinciaux et dans les centres de réadaptation. En général, le MdS ne propose pas de réadaptation dans les hôpitaux de district. Des mesures ont été prises pour fournir ce type de services au niveau communautaire, mais ceux-ci restent limités en termes d’importance et de couverture géographique
(Ministère de la Santé de la RDP du Laos avec le soutien de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID) et l’OMS, « Systematic Assessment of Rehabilitation Situation in Lao People’s Democratic Republic », 2018).
Il est retourné à l’école, déterminé à continuer à étudier et à s’adapter à la perte de sa main droite. Malgré l’environnement parfois hostile, avec des commentaires particulièrement durs de la part de ses camarades de classe et de ses voisins, il est parvenu à étudier jusqu’à l’âge de 18 ans. Il avait déjà 27 ans lorsqu’il a bénéficié d’un soutien pour accéder pour la première fois aux services de réadaptation. Les autorités de son village l’ont orienté vers le centre provincial de réadaptation, qui se trouvait à quatre ou cinq heures de route de chez lui. Il est resté deux jours au centre, pour recevoir sa première prothèse de bras.
Les aides techniques (principalement des prothèses, des orthèses et un petit nombre d’aides à la mobilité) sont disponibles (gratuitement) par le biais de cinq centres de réadaptation financées par le MdS. Les coûts des matériaux sont pris en charge en partie par des partenaires de développement, et la durabilité financière de ce service n’est pas encore pleinement assurée »
(Ministère de la Santé de la RDP du Laos avec le soutien de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID) et l’OMS, « Systematic Assessment of Rehabilitation Situation in Lao People’s Democratic Republic », 2018).
Le dispositif n’avait pas beaucoup de fonctions, mais il lui a redonné confiance : « Je pouvais le porter pour les fêtes et à l’extérieur de mon village, sans que les gens sachent que j’avais été amputé », se souvient-il avec un large sourire. Au cours des onze dernières années, il a eu trois prothèses différentes. Il a reçu la dernière en 2023 de l’Autorité nationale de réglementation provinciale : un bras prothétique imprimé en 3D avec une fixation adaptée. Il espère un dispositif encore plus fonctionnel à l’avenir, pour gagner en autonomie dans sa vie quotidienne.
Des cadres d’action ont été développés au fil des ans pour orienter la réponse en matière de besoins en réadaptation et d’assistance aux victimes. La stratégie nationale de réadaptation du Laos 2018-2025 s’aligne sur les actions mondiales et régionales de l’OMS.
L’assistance aux victimes bénéficie d’un cadre d’action dédié pour la période 2022-2026, et elle est intégrée dans Safe Path Forward III 2021–2030 et dans le Plan de travail pluriannuel 2022–2026 (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2023).
Avec le recul, il est très reconnaissant d’avoir pu accéder aux services qu’il a reçus, mais il pense aussi à toutes ces personnes dont les besoins ne sont pas encore satisfaits :
« Il y a beaucoup d’autres personnes souffrant des conséquences des ENE au Laos. Chaque survivant d’ENE devrait recevoir des informations sur les services de réadaptation et avoir accès à ces services, en particulier dans les régions les plus reculées.
Il ne peut toujours pas accéder à tous les services dont il a besoin. Son œil a été abîmé dans l’explosion, et des fragments d’obus sont encore présents sous la peau aujourd’hui. Bien qu’il y ait des soins oculaires gratuits au niveau du district, il n’a pas été orienté vers les services appropriés et n’a jamais pu trouver le temps et les ressources nécessaires pour se rendre à la capitale du district afin de faire vérifier son œil droit. L’accessibilité financière est effectivement un problème.
« Je souhaite qu’il y ait plus de subventions pour aider les victimes sur le plan financier, afin que nous puissions subvenir aux besoins de notre famille. »
L’HISTOIRE DE MME XOUA XIONG - « JE ME SENS TOUJOURS DIFFÉRENTE »
Mme Xoua Xiong a 33 ans. Elle vit dans une communauté rurale de Hmong, dans le district de Houameuang. Elle et son mari cultivent du riz et du maïs, et élèvent des poulets, des cochons et des chèvres pour subvenir aux besoins de leurs six enfants. Lorsque leurs revenus sont insuffisants, ils travaillent comme journaliers dans d’autres fermes. Quand elle était enfant, Mme Xoua Xiong travaillait aux champs avec son père et son frère. Ils ne savaient pas que la terre était polluée par des engins non explosés (ENE).
Près de 25 % des villages du pays sont pollués par des engins non-explosés (ENE) (Ministère de la Santé de la RDP du Laos avec le soutien de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID) et l’OMS, « Systematic Assessment of Rehabilitation Situation in Lao People’s Democratic Republic », 2018). Au cours des cinq dernières années, une moyenne de 50 à 60 km de terres polluées par des bombes à sous-munitions ont été restituées chaque année. L’objectif du plan d’action pluriannuel 2022-2026 de la RDP du Laos est de restituer 500 km de terres. (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2023.)
À l’âge de 9 ans, alors qu’elle travaillait dans les champs, Mme Xoua Xiong a été gravement blessée dans un accident impliquant un ENE. Elle se souvient du long chemin jusqu’à l’hôpital provincial où les chirurgiens lui ont amputé le bras droit sous le coude :
« J’ai d’abord été ramenée à la maison, puis il a fallu des heures à mes parents pour atteindre la route principale où mon père a pu louer un camion et me conduire à l’hôpital. »
63 % de la population du Laos vit à plus de 100 km d’un centre de réadaptation (Humanité & Inclusion, Diagnostic iFAR [Améliorer l’accès financier à la réadaptation], « Analysis of the economic system of functional rehabilitation in Lao P.D.R », 2015, mis à jour en 2018).
Trois jours après l’amputation, Mme Xoua Xiong est rentrée chez elle avec une douleur physique et émotionnelle intense. La douleur s’intensifiant, elle a dû subir une seconde intervention chirurgicale pour raccourcir l’os. À l’époque, sa famille bénéficiait du soutien financier d’une ONG internationale, mais elle n’a pas reçu d’informations sur les services de réadaptation et les aides techniques disponibles.
De plus, Mme Xoua Xiong a dû faire face à la réaction négative de certains membres de sa famille et de la communauté, qui ne voulaient pas interagir avec une fille qui avait un membre amputé. Heureusement, ses enseignants et les autres élèves de l’école ont été bienveillants. Mme Xoua Xiong se souvient, par exemple, qu’on ne lui demandait pas de participer aux activités qu’elle ne pouvait pas accomplir, comme nettoyer l’école. Néanmoins, elle se sentait très différente des autres enfants : « Je n’aimais pas sortir, je préférais jouer seule et passer du temps toute seule. »
Des années plus tard, à l’âge de 13 ans, elle a reçu son premier bras prothétique, au centre de rééducation de Xian Khouang, après avoir été identifiée par les autorités du village et soutenue par une organisation non gouvernementale.
Dans de nombreuses régions du monde, les filles et les femmes de tous âges qui vivent avec un handicap sont confrontées à de multiples formes de discrimination et d’inégalités qui résultent de différents obstacles comportementaux, préjugés et stéréotypes qui s’entrecroisent (PNUD Asie et Pacifique, « Understanding and tackling intersectional stigma experienced by women and girls with disabilities », 2022.)
« À l’école, je me sentais plus confiante, et il était plus facile pour moi d’écrire. Quand quelqu’un me regardait, il ne pouvait pas deviner que j’étais amputée. »
En 2022, Mme Xoua Xiong a reçu une prothèse imprimée en 3D de l’Autorité nationale de réglementation provinciale.
En cas d’accident avec un ENE, l’unité chargée de l’assistance aux victimes des autorités réglementaires nationales assure un suivi et fait le lien avec des prestataires pour que les victimes reçoivent un soutien essentiel.
(PNUD, « Background paper for UXO donor and media field visit, 31 March–2 April 2021 », avril 2021
Elle raconte que le dispositif était trop serré, car elle était plus mince au moment où les mesures ont été prises. Aujourd’hui, elle utilise très rarement cette aide technique : « Il m’aide dans mon travail quotidien et pour les petites tâches, mais il n’a pas toutes les fonctions d’un vrai bras et il ne m’aide pas à porter des charges lourdes. » Sans soutien externe, Mme Xoua Xiong ne sait pas comment être orientée vers un centre de réadaptation pour adapter sa prothèse, ni comment couvrir les coûts de transport et d’hébergement.
En RDP du Laos, la réadaptation est très limitée au niveau des districts et au niveau communautaire, et la prise en charge / les circuits de référencement ne sont pas suffisamment développés. (Ministère de la Santé de la RDP du Laos avec le soutien de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID) et l’OMS, « Systematic Assessment of Rehabilitation Situation in Lao People’s Democratic Republic », 2018).
Devenue aujourd’hui adulte, elle se sent toujours très différente des autres femmes et elle pense que certaines personnes de son village ne la respectent pas à cause de son handicap. Elle est reconnaissante pour le soutien apporté aux personnes handicapées par certaines organisations et pour le soutien de son mari sur lequel elle peut compter. « C’est ma femme et je l’aime », confie-t-il. « Je m’en fiche si elle ne peut pas faire le même travail que les autres. »
L’HISTOIRE D’ANDRES – ALLER DE L'AVANT
Andrés circulait à moto entre Guayacana et Llorente (dans le département de Nariño) lorsqu’une bombe cylindrique a explosé à proximité de sa moto.
Âgé de 23 ans à l’époque de l’accident, Andrés a aujourd’hui 41 ans. Il a été gravement blessé et a subi de nombreuses interventions chirurgicales : deux amputations sur sa jambe droite, une opération du thorax, une trachéotomie, et des reconstructions du bras et du tympan.
145 victimes de mines et de restes explosifs de guerre ont été enregistrées en Colombie en 2022. La Colombie fait partie des cinq pays où de nouveaux cas d’utilisation de mines antipersonnel par des groupes armés non étatiques ont été signalés en 2022. En effet, le nombre d’incidents dus à une mine attribuée à un groupe armé non étatique a augmenté de 30 % par rapport à 2021 (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2023).
À l’hôpital, il a suivi des séances de kinésithérapie et d’orthophonie, puis a entamé le processus pour recevoir sa première prothèse. La seconde amputation l’a très durement touché psychologiquement. Il se sentait en colère, triste et désabusé. Pourtant, il n’a bénéficié d’aucun soutien psychologique à ce moment-là.
L’assistance aux victimes a toujours été l’un des piliers de l’action humanitaire contre les mines les moins financés (5 % de l’enveloppe mondiale globale de l’action contre les mines en 2021 et en 2022). En 2021, la part du soutien financier international accordée à l’assistance aux victimes dans le budget mondial de l’action contre les mines a atteint le niveau le plus bas enregistré depuis 2016 malgré des besoins croissants (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2022 et 2023).
Une fois sorti de l’hôpital, Andrés s’est installé à Pasto, la capitale du département de Nariño en Colombie, où il pouvait avoir un meilleur accès aux services et commencer une nouvelle vie. Grâce à des interventions continues en ergothérapie et en kinésithérapie, Andrés avait repris espoir, mais il ne savait toujours pas ce qu’il allait faire après. Andrés a pu compter sur le soutien psychosocial, économique et juridique que lui ont apporté Humanité & Inclusion et la « Pastoral Social », une commission diocésaine de la ville de Pasto.
« Mon rétablissement a été un processus amer, car le système est précaire et que l’État accorde peu d’attention et d’aide aux victimes. »
Tout en surmontant la douleur physique et émotionnelle, Andrés a tout fait pour trouver la meilleure prothèse répondant à ses besoins et à ses préférences. Son parcours n’a pas été facile dans un système qui considère encore que les technologies d’aide de bonne qualité et hautement technologiques (comme les prothèses) sont des produits de luxe. Au début, il a reçu une prothèse basique, fournie par le système public. Cependant, cette prothèse ne lui procurait pas une mobilité complète ni une indépendance totale. Il ne pouvait pas, par exemple, marcher sur des chemins cahoteux ni monter les escaliers, et la prothèse était inconfortable et douloureuse. Il savait que cette prothèse n’était pas adaptée pour lui, alors il a commencé à chercher une prothèse qui répondrait mieux à ses besoins. Lorsqu’il a eu une idée claire de ce dont il avait besoin, il est allé chez un traumatologue pour obtenir une ordonnance. Dans sa quête, Andrés s’est heurté à plusieurs obstacles administratifs, et a dû faire beaucoup d’allers-retours entre un service médical et un autre. De plus, les professionnels de la santé ont souvent contesté sa demande, considérant qu’une meilleure prothèse relevait d’une question de confort et non de nécessité.
Andrés a finalement obtenu une prothèse de haute technologie six ans après l’accident. Grâce à sa détermination, il a réussi à obtenir une couverture financière totale de sa prothèse via un mécanisme public de protection. Depuis lors, il a fait modifier sa prothèse deux fois, afin de l’ajuster et d’en préserver la qualité. Recevoir et adapter une prothèse requiert de se déplacer souvent à la capitale, Bogotá, et d’y rester pendant de longues périodes. Le coût des déplacements et des séjours représentait une dépense importante pour Andrés qui n’a jamais abandonné et a entrepris différents projets professionnels pour compléter l’allocation sociale à laquelle il avait droit.
Le coût d’une prothèse peut varier considérablement selon la qualité, la marque et le niveau de technologie. En Colombie, une prothèse de membre de haute qualité peut coûter environ 20 000 USD, alors que le salaire mensuel moyen est d’environ 300 USD.
Étant donné que l’accessibilité financière des technologies d’aide dépend également des coûts inhérents aux déplacements et à la perte de revenus que doivent supporter les utilisateurs et leurs familles pour accéder aux services, il convient d’envisager des mesures adéquates pour réduire ces coûts indirects (OMS et UNICEF, « Global Report on Assistive Technology », 2022).
Bien qu’Andrés n’ait pas pu réaliser son rêve d’étudier dans l’armée de l’air et qu’il ait été contraint de suspendre temporairement ses études, il a réussi à terminer ses études universitaires en génie civil et a obtenu son diplôme en 2022. Il cherche actuellement des opportunités professionnelles dans ce domaine.
Andrés est une personne active dans sa vie personnelle et au sein de sa communauté. Avec sa prothèse de bonne qualité, il fait du sport et a intégré un groupe paralympique. De plus, Andrés est devenu une personne référente dans la stratégie de soutien par les pairs mise en place par la « Pastoral Social ».
Andrés est assurément la preuve qu’il est possible de passer à autre chose. Grâce à des visites, à une écoute active et à un partage d’expérience, il accompagne d’autres personnes qui vivent la même chose qu’il a vécue il y a des années, en tant que victime d’engins explosifs.
Le Plan d’action d’Oslo, adopté en 2019, définit 50 actions concrètes que les États parties à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel devraient prendre d’ici à 2025 afin de progresser de manière tangible vers l’objectif de mettre fin aux souffrances provoquées par les mines antipersonnel. L’une de ces actions fait explicitement référence à la mise en place de d’un ensemble complet de services de réadaptation et de soutien psychologique et psychosocial, y compris par le biais de programmes de soutien par les pairs.
« Grâce au soutien par les pairs, les personnes récemment blessées par un engin explosif peuvent réaliser qu’il est possible d’aller de l’avant. »
L’HISTOIRE DE GLORIA - « PRENDRE SOIN DE SOI POUR PRENDRE SOIN DES AUTRES »
Gloria se souvient très bien de cette nuit d’avril 2009, quand le téléphone a sonné et qu’on lui a ordonné de quitter sa maison.
« Nous mettrons le feu à votre maison si vous ne partez pas dans 48 heures, mais d’abord, nous brûlerons votre fils handicapé. »
Fin 2022, 4,8 millions de personnes étaient enregistrées comme déplacées internes en Colombie, en conséquence du conflit et de la violence (Observatoire des situations de déplacement interne, 2023).
Gloria vivait avec sa famille dans une municipalité rurale du district de Nariño, sous contrôle des forces paramilitaires après de durs combats pour le territoire. Les huit membres de la famille de Gloria ont immédiatement pris la fuite, dont son fils, Sebastian, atteint de trisomie 21 et souffrant de plusieurs complications de santé. Ils se sont dirigés vers Pasto, la ville principale du district, où vivaient des proches de la famille. « L’appartement de nos proches était trop petit pour nous accueillir tous, nous avons dû dormir par terre, et la nourriture manquait », explique Gloria. Sebastian qui avait 17 ans à l’époque, avait beaucoup de mal à s’adapter, et la peur ne le quittait pas.
In 2023, 23,000 persons with disabilities were registered in Pasto. Of those, 3,000 are victims of the conflict. (Secretaría de Salud, Alcaldía de Pasto).
Cependant, les choses se sont améliorées avec le temps. Quelques mois plus tard, les membres de la famille ont été reconnus comme « personnes déplacées internes » par les autorités publiques, et ont ainsi eu accès à une assistance humanitaire. Gloria et son fils ont obtenu le droit de vivre dans un appartement fourni par les services sociaux.
Fuir leur maison a été une expérience traumatisante, mais Gloria y a également vu un côté positif. À Pasto, une « grande » ville plus grande, son fils Sebastian a reçu les soins de santé, les services de réadaptation et l’assistance sociale dont il avait besoin, Cela n’était pas possible dans le petit village où ils vivaient, lourdement touché par le conflit armé.
Dans le monde, les services de réadaptation sont généralement concentrés dans les zones urbaines, ce qui implique des difficultés d’accès pour les personnes vivant dans les zones éloignées et/ou rurales. Ces difficultés sont exacerbées dans les contextes marqués par la violence et l’instabilité, et soumis à la menace des mines, dans lesquels il est encore plus complexe de se rendre sur les lieux des prestations de services. Nariño est l’un des 16 départements de Colombie pollués par des mines (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2022).
Depuis que la famille s’est installée dans cette nouvelle ville, Sebastian suit régulièrement des séances d’ergothérapie et d’orthophonie. Ces interventions de réadaptation l’ont beaucoup aidé à développer sa coordination, son habilité et ses compétences en communication. De plus, Sebastian fait partie du groupe de musique organisé par la Fondation Batuta et il aime se produire avec les autres membres du groupe.
Bien que Gloria soit globalement satisfaite du soutien que son fils a reçu, il a été difficile pour Sebastian d’accéder à la kinésithérapie dont il a besoin pour ses problèmes d’équilibre, en raison de la longue liste d’attente et du nombre limité de lieux permettant de consulter un professionnel.
La grande majorité des services de réadaptation, dont la kinésithérapie, sont dispensés au niveau des soins de santé secondaires et tertiaires (hôpitaux et centres spécialisés), et sont pratiquement absents au niveau des soins primaires. La fourniture de services de réadaptation au niveau des soins de santé primaires, aussi près que possible des lieux de vie des individus, permet d’en améliorer l’accès.
De plus, le régime de protection sociale couvre les coûts des soins médicaux et de la réadaptation, mais certains produits onéreux sont exclus de cette couverture, comme les produits dermatologiques et les couches.
Durant la pandémie de COVID-19, les services sociaux, sanitaires et de réadaptation ont été fortement perturbés. « Malgré quelques visites de santé et des séances de thérapie à distance, Sebastian a régressé, car les visites physiques sont bien plus efficaces. » Ce fut une période très difficile pour Gloria et Sebastian qui vivaient isolés et craignaient la maladie, au vu de l’état de santé fragile de Sebastian.
Durant la pandémie de COVID-19, les restrictions de la liberté de mouvement, les exigences de distanciation physique et la priorisation de certains services de santé ont eu un impact disproportionné sur de nombreuses personnes handicapées et leurs familles, ce qui a eu des incidences sur leur accès aux services essentiels nécessaires au maintien de leur santé et de leur fonctionnement (OMS, « Global report on health equity for persons with disabilities », 2022).
Prendre soin de Sebastian est une occupation à temps plein pour Gloria qui gagne de modestes revenus en cousant et en peignant des produits artisanaux, activités qu’elle réalise chez elle afin de rester toujours disponible pour Sebastian. Elle a pu mettre en place son activité génératrice de revenus grâce au soutien de la « Pastoral Social » qui lui a fourni une machine à coudre et des matériaux pour démarrer son activité.
Gloria est également active au sein d’un groupe local d’aidants. Suite à une formation organisée par Humanité & Inclusion, Gloria assure un soutien par les pairs auprès d’autres aidants qui traversent des situations difficiles, sollicitent des conseils pratiques ou ont tout simplement besoin de se confier et d’être écoutés.
La Loi 2281, adoptée en 2023, crée le premier « Système national de soins » de Colombie. Celui-ci vise à « reconnaître, réduire, redistribuer, représenter et rétribuer le travail de soins rémunéré et non rémunéré à travers un modèle co-responsable entre l’État, le secteur privé, la société civile, les familles, les communautés, et entre les femmes et les hommes dans toutes leurs différences et toute leur diversité ».
Au niveau international, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a adopté en octobre 2023 la résolution sur l’importance des soins et de l’assistance du point de vue des droits de l’homme.
« Ce que j’ai appris de plus important dans mon parcours et que je transmets toujours aux autres aidants, c’est que nous devons prendre soin de nous avant de pouvoir prendre soin des autres. »
L’HISTOIRE DE HMOUD, UN ANCIEN SOLDAT QUI SE BAT POUR RETROUVER ESPOIR
La vie de Hmoud Khalaf Sulaiman a basculé le 2 février 1988 durant la guerre Iran-Irak. À l’époque, Hmoud avait 33 ans. Il servait dans l’armée irakienne lorsqu’il a été touché par un obus de mortier. Cette horrible blessure a entraîné la paralysie de trois de ses membres.
Hmoud vit actuellement dans la ville d’Intesar, dans la province de Ninawa. Lui et sa famille ont dû fuir leur ville natale, Sinjar, lorsque l’ISIS est arrivé. Dans sa nouvelle ville, il loue une petite maison où il vit avec sa femme, leurs deux fils et leurs épouses et enfants. À cause de sa blessure de guerre, il est incapable de se tenir debout et de marcher. Il utilise un fauteuil roulant pour se déplacer dans la maison. Il a besoin d’aide pour prendre soin de lui et accomplir les activités quotidiennes. Hmoud se souvient exactement comment il a été blessé : « Je n’avais pas attaché mon casque de combat, j’aimais le porter de manière stylée. Lorsque le mortier a frappé, mon casque a volé et j’ai été touché. J’étais à Basra, à la frontière de l’Irak et de l’Iran. J’ai été immédiatement transporté à Bagdad pour une opération chirurgicale ouverte de la tête. »
La blessure a eu des répercussions considérables sur la vie de Hmoud. Sa motivation, son espoir et sa force ont laissé place à un sentiment d’isolement et de déception. Il n’est pas autonome dans sa vie quotidienne, incapable d’assister aux rassemblements sociaux, et il a dû abandonner son activité d’achat et de vente de véhicules, un passe-temps qui le faisait voyager à travers le pays.
Dans les entretiens menés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) avec 81 représentants d’organisations de personnes handicapées en Irak, les répondants ont indiqué que les capacités des personnes handicapées et la contribution qu’elles peuvent apporter aux communautés ne sont pas reconnues. Lorsque les personnes handicapées ne sont pas (perçues comme) des membres actifs de leurs communautés, elles deviennent isolées et marginalisées. (OIM, « Persons with disabilities and their representative organizations in Iraq: Barriers, challenges, and priorities », 2021).
« J’ai honte de demander aux autres de m’aider à me déplacer. Dès l’instant où je me suis assis sur ce fauteuil roulant, j’ai commencé à ressentir l’exclusion. »
Il aimerait assister aux cérémonies et aux rassemblements familiaux, mais se déplacer est un véritable défi, car les bâtiments, les lieux publics, les routes et même les infrastructures de services ne sont pas accessibles. Hmoud occupe son temps en naviguant sur Internet et en se faisant des amis en ligne.
Hmoud n’a pas dû attendre longtemps avant de recevoir un fauteuil roulant adapté. Cependant, les interventions en réadaptation qu’il a reçues n’ont pas été suffisantes. Peu de temps après la blessure, il a suivi des séances de kinésithérapie pendant environ un mois. « Après seulement un mois de kinésithérapie, j’ai réussi à marcher avec des béquilles sur 8 à 10 mètres et j’ai été progressivement capable de réaliser différentes tâches à la maison », se souvient-il. Cependant, ces grands progrès ont été annihilés, car Hmoud a dû interrompre son programme de réadaptation pendant une longue période.
Dans la République fédérale d’Irak, chaque gouvernorat fournit des services de réadaptation dans son principal centre de réadaptation spécialisé. Il existe également un petit nombre de services de kinésithérapie dans les hôpitaux généraux, mais aucun n’est disponible au niveau des soins de santé primaires ou communautaires
(Humanity & Inclusion Irak, « Health Technical Strategy 2023-25 »).
De nombreux obstacles se sont dressés sur son chemin : l’absence de services dans la région où il vivait, l’aggravation de la situation financière du foyer où seuls les deux fils apportaient un revenu modeste, le manque de soutien gouvernemental et le soutien limité des organisations humanitaires. De plus, Hmoud n’était pas à l’aise pour faire certains exercices avec une femme kinésithérapeute.
Il est crucial non seulement d’augmenter le nombre de professionnels de la réadaptation formés et de créer des postes, mais également de garantir la diversité des genres au sein des professionnels. En effet, dans le monde entier, les services sont souvent dispensés sans tenir compte des besoins ou des exigences des différents genres
(ReLAB-HS, « Rehabilitation through a gender lens », 2021).
Bien qu’au cours des dernières années, Hmoud ait bénéficié des interventions en réadaptation de l’ONG Humanité & Inclusion, celles-ci n’ont pas été suffisantes, après ces nombreuses années, pour restaurer la mobilité qu’il avait acquise.
Hmoud espère recevoir d’autres services de réadaptation pour améliorer sa mobilité. Le manque de soutien public et humanitaire est problématique dans la région où vit Hmoud, qui est polluée par des engins explosifs et où de nombreuses personnes continuent de subir quotidiennement les conséquences des conflits.
En 2022, les déplacements internes prolongés, les menaces associées aux engins explosifs et la disponibilité limitée des services de base et des moyens de subsistance ont laissé 2,5 millions de personnes toujours dans le besoin d’une assistance humanitaire en Irak.
Malgré les efforts considérables déployés par les acteurs humanitaires pour déminer les zones polluées, environ 3 016 km² de terres restent polluées. L’étendue totale de la pollution n’a pas été définie
(OCHA, « Humanitarian Needs Overview Iraq », 2022).
« Si j’avais pu faire de la kinésithérapie pendant plus longtemps juste après l’accident, je ne serais pas en fauteuil roulant aujourd’hui »,
L’HISTOIRE DE SHAHA, UNE ENFANT DONT LA VIE A ÉTÉ BOULEVERSÉE À JAMAIS PAR UNE EXPLOSION
Shaha est âgée de 9 ans, elle est en CE2 et vit dans la région rurale de Rajam Hadid, en Irak. Son moment préféré dans l’année est la célébration musulmane de l’Aïd, car elle reçoit des vêtements. « J’adore les poupées et les vêtements », dit-elle.
Lorsque Shaha avait 3 ans, elle a fui avec ses parents et ses sept frères et sœurs, car l’ISIS avait pris le contrôle de leur quartier. Alors qu’ils migraient vers une autre région, un engin explosif improvisé (EEI) a explosé, causant la mort du père de Shaha et de deux de ses sœurs, et blessant gravement trois autres membres de sa fratrie. Shaha a souffert de graves brûlures à la main et à l’épaule, et a été blessée à la mâchoire et à l’œil par les éclats d’obus.
L’Irak est l’un des pays du monde les plus fortement pollués par des engins explosifs. On estime que 3 225 km² de terres sont polluées. En 2021, on a estimé que 8,5 millions d’habitants dans le pays étaient en danger en raison de cette pollution
(rapport d’Humanity & Inclusion, 2021, « No safe recovery: The impact of Explosive Ordnance contamination on affected populations in Iraq »).
À un si jeune âge, Shaha a déjà subi cinq opérations chirurgicales de la mâchoire et trois opérations de l’œil. Elle porte maintenant une prothèse oculaire et des lunettes. Shaha avait des difficultés à bouger sa main droite, mais grâce aux interventions en kinésithérapie réalisées par des professionnels de l’ONG Humanité & Inclusion, elle est maintenant capable de bouger sa main et ses doigts. En grandissant, Shaha aura besoin de séances de kinésithérapie supplémentaires pour conserver une bonne mobilité de la main.
La mère de Shaha est reconnaissante pour le soutien qu’ont apporté ses voisins, ses amis et le personnel d’Humanité & Inclusion. « Avec l’aide de personnes d’une grande gentillesse, nous avons pu payer les opérations pour l’œil de Shaha, et le soutien d’Humanité & Inclusion a non seulement aidé Shaha mais m’a aussi encouragée à rester forte. » Sans cela, la famille n’aurait pas pu payer les soins de santé et de réadaptation, car la seule source de revenu était les activités de couture de la sœur de Shaha.
Les horreurs de la guerre ont provoqué des souffrances physiques mais aussi psychologiques.
« Le psychologue de Shaha a dit que sa vie s’était arrêtée au moment de l’explosion », rapporte la mère de Shaha.
Après l’explosion, Shaha ne parlait plus, faisait constamment des cauchemars et développait des troubles de l’alimentation. Les séances de psychothérapie auxquelles elle a participé pendant un an et demi ont eu des effets très positifs sur son bien-être et sa capacité à communiquer. Aujourd’hui, Shaha est contente d’aller à l’école malgré les difficultés auxquelles elle doit faire face : « Les filles se moquent de moi parce que je porte des lunettes et que j’ai des brûlures ».
Les problèmes de santé mentale augmentent dans les pays pollués par des engins explosifs, car le fait de vivre des événements traumatisants et éprouvants provoqués par une violence de longue durée peut entraîner de graves conséquences : faible estime de soi, incapacité permanente à vie, dépression, sentiments d’insécurité, repli social, automutilation et suicide
(Humanity & Inclusion Irak, « Health Technical Strategy 2023-25 »).
Il n’y a aucun service de santé, aucun terrain de jeu ni aucune école à proximité de la maison de la famille de Shaha . En hiver, les enfants ont du mal à aller à l’école, car les rues non pavées sont boueuses. Shaha pleure parfois pour ne pas aller à l’école, car elle doit marcher longtemps pour s’y rendre.
Bien que les ONG humanitaires aient été réactives pour répondre aux besoins de Shaha, les dépenses qu’il reste à couvrir pour les médicaments et le transport représentent une charge considérable pour la famille. Il y a peu de chance que ces coûts diminuent à l’avenir. L’état de santé de Shaha nécessite un suivi médical régulier, et en grandissant, elle devra subir une autre opération chirurgicale de l’œil. L’un des frères de Shaha a une tumeur au cerveau qui provoque de graves lésions cérébrales et nécessite de multiples opérations chirurgicales. « Outre les coûts liés à la santé, il y a de longues listes d’attente, même pour une simple analyse de sang, en raison de la pénurie de professionnels de santé », explique la mère de Shaha.
Malgré les programmes qui existent pour soutenir les personnes handicapées et leurs aidants, de nombreuses personnes handicapées ne parviennent pas à recevoir les indemnités de protection sociale.
Pour en faire la demande, les personnes doivent commencer par se rendre en ville dans un centre, puis leur « degré » de handicap doit être évalué (en %), ce qui implique plusieurs déplacements et des procédures compliquées.
Par conséquent, les personnes handicapées comptent souvent sur les ONG pour leurs besoins élémentaires
(Action Contre la Faim, « Accessing social protection in Iraq: Mapping of program and analysis of barriers », 2023, ET Humanity & Inclusion Iraq, « Health Technical Strategy 2023-25 »).
La famille reste forte et unie. Le frère aîné de Shaha est leur repère depuis la mort de leur père. Ils l’appellent « baba » (papa). Il est étudiant en deuxième année d’anesthésiologie et a de grandes ambitions pour soutenir sa famille au mieux.
L’HISTOIRE DE M. DEE, SURVIVANT D’UN ACCIDENT DE LA ROUTE ET MÉCANICIEN ACCOMPLI
M. Dee est mécanicien, il est marié et père de deux enfants de moins de 5 ans. À l’âge de 16 ans, il circulait à moto avec son cousin pour se rendre dans une ferme où ils avaient trouvé un emploi, dans une région connue pour ses routes sinueuses et escarpées. Les freins de sa moto ne fonctionnaient pas bien, et il n’a pas pu éviter de heurter les barrières de sécurité en béton le long de la route.
En RDP du Laos, le nombre annuel d’accidents de la route a augmenté de 35 % entre 2010 et 2020, et le nombre de morts a augmenté de 67 %, atteignant plus d’un millier. Les récits des survivants témoignent de la gravité des conséquences des accidents sur la santé des individus et la situation financière des familles (Banque mondiale, communiqué de presse n° : 2022/030/EAP, 2021).
Alors qu’il était étendu sur le sol, il ne ressentait aucune douleur. Cependant, il réalisé que la blessure était grave quand il a constaté qu’il ne pouvait pas se relever. Heureusement, son cousin n’a pas été blessé. Il a placé M. Dee en sécurité sur le bord de la route et a repris la moto pour aller avertir les parents de M. Dee. Ses parents ont réussi à trouver une voiture et sont allés récupérer leur fils qu’ils ont conduit à l’hôpital le plus proche, à quatre heures de route. Le médecin a immédiatement jugé nécessaire d’amputer sa jambe gauche, juste sous le genou.
« Je ne savais rien de l’amputation et du handicap. J’étais très inquiet pour mon avenir. Je me demandais surtout si j’allais pouvoir travailler et me marier. »
De plus, il se sentait coupable à cause de la déception qu’il pensait susciter, étant donné que le fils aîné est traditionnellement censé prendre soin de toute la famille. Pendant le mois qu’il a passé à l’hôpital, il est resté allongé dans son lit en permanence. Il n’a pas bénéficié de soutien psychosocial, ni reçu de prothèse, de services de réadaptation ou d’informations concernant ces services. Cela l’a plongé dans une profonde dépression. De retour chez ses parents, il ne sortait pratiquement pas de sa chambre. Très peu d’amis venaient le voir.
Heureusement, son cousin qui travaillait dans l’armée lui a parlé des services de réadaptation que proposait un hôpital plus grand, mais plus éloigné. Il a fallu près d’un an à la famille de M. Dee pour pouvoir l’emmener au centre de rééducation, un laps de temps considérable compte tenu de l’incidence d’une amputation sur le bien-être psychologique et physique d’un jeune homme.
Les coûts des soins médicaux et du transport étaient pris en charge par le système public, mais les frais de transport n’étaient remboursés qu’après le premier rendez-vous à l’hôpital, et les frais des accompagnants n’étaient pas pris en charge. Ce n’est qu’après un an, lorsque la famille de M. Dee a réussi à rassembler la somme d’argent nécessaire, qu’ils se sont rendus au centre de rééducation pour poser la jambe prothétique. Le père de M. Dee est resté avec lui au centre pendant deux semaines, ce qui lui a coûté environ 200 USD.
Les pays marqués par les conflits développent souvent la fourniture de services de réadaptation et de technologies d’aide afin de répondre aux besoins des vétérans et/ou des victimes, comme cela s’est produit à la suite de la guerre civile laotienne (1959-1975).
Les cadres d’action de l’assistance aux victimes précisent cependant spécifiquement qu’aucune discrimination ne doit être faite à l’encontre ou parmi les victimes, ni entre les survivants et les autres personnes handicapées, qui devraient bénéficier des services de la même manière.
« Avec ma jambe artificielle, j’ai eu une nouvelle vie et j’ai repris grandement confiance. J’ai décidé d’aller vivre dans la capitale et de suivre un programme de formation professionnelle pour devenir mécanicien. »
En améliorant le fonctionnement des individus, la réadaptation et les technologies d’aide améliorent leur accès à l’éducation et aux activités professionnelles, ainsi que leur participation sociale, ce qui contribue grandement à renforcer leur capacité à participer dans tous les domaines de la vie.
Le retour sur investissement est considérable : pour chaque dollar investi dans les aides techniques, le retour est de neuf dollars (Partenariat mondial pour les technologies d’aide, 2020, « The Case for Investing in Assistive Technology »).
En 2020, avec le soutien d’Humanité & Inclusion, il a réussi à acquérir des compétences en gestion d’entreprise et à ouvrir son propre garage, au rez-de-chaussée de l’immeuble où vit sa famille, dans une rue animée de la ville provinciale de Sam Neua. Il bénéficie également d’un soutien pour accéder à la réadaptation de façon continue. En effet, M. Dee doit changer de jambe prothétique environ tous les deux ans, ce qui implique chaque fois un séjour d’une semaine à l’hôpital.
Il est très satisfait de son entreprise, et il a beaucoup de clients fidèles. Enfin et surtout, en tant que fils aîné, il est fier de pouvoir soutenir ses parents comme il se doit.
« La plupart des clients ne savent rien de ma jambe. Ils ne le remarquent pas. Je peux faire la plupart du travail tout seul. Quand j’ai besoin d’aide pour soulever des charges lourdes, mes voisins et mes amis viennent m’aider. »
L’HISTOIRE DE M. NGOK - « TOUS LES SURVIVANTS DEVRAIENT AVOIR ACCÈS AUX SERVICES DE RÉADAPTATION »
M. Ngok avait 8 ans lorsqu’il a perdu sa main droite dans un accident impliquant un engin non explosé (ENE). Son enseignant avait emmené toute la classe chercher du bois dans la forêt. M. Ngok était en train de couper des racines, lorsque sa machette a heurté un ENE. L’accident a tué un enfant et a blessé deux autres élèves. À l’époque, M. Ngok ne pouvait pas savoir qu’il y avait des ENE et il n’a pas reconnu l’arme qui a provoqué l’explosion, mais il pense maintenant qu’il s’agissait d’une bombe à sous-munitions.
Lancées depuis le sol ou larguées par avion, les bombes à sous-munitions sont composées de conteneurs qui s’ouvrent et dispersent des sous-munitions au hasard dans un large périmètre. Jusqu’à 40 % d’entre elles n’explosent pas durant l’impact. Elles deviennent alors de fait des mines terrestres qui tuent et mutilent aveuglément, longtemps après la fin du conflit. La RDP du Laos a le taux le plus élevé du monde en matière de pollution par des restes de bombes à sous-munitions non explosées résultant des bombardements aériens auxquels ont procédé les États-Unis entre 1964 et 1973 durant la guerre du Viêt Nam (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2023).
Aujourd’hui, M. Ngok a 38 ans, il est agriculteur et vit dans le district rural de Houameuang (dans le nord du Laos) avec sa femme et ses enfants. « C’était vraiment difficile de faire les travaux pénibles dans les champs avec une seule main », confie-t-il. En effet, M. Ngok a dû attendre près de vingt ans avant de pouvoir accéder aux services et aux produits de réadaptation dont il avait besoin.
Après l’accident, les médecins n’ont d’abord amputé que les doigts, mais le membre étant endommagé par les produits chimiques de l’arme, ils ont fini par amputer toute la main lors des interventions chirurgicales suivantes.
M. Ngok se souvient du sentiment de désespoir qu’il a ressenti lorsqu’il a compris qu’il n’avait plus sa main droite. Le soutien de ses parents et des médecins, et la présence d’autres enfants à l’hôpital, qui avaient été blessés comme lui, l’ont aidé à penser qu’il devait continuer à vivre.
Durant le mois qu’il a passé à l’hôpital, il n’a pas eu de séances kinésithérapie, de prothèse ou d’autres services et produits de réadaptation, et n’a reçu aucune information concernant ces services.
En RDP du Laos, la réadaptation est principalement dispensée dans les hôpitaux centraux et provinciaux et dans les centres de réadaptation. En général, le MdS ne propose pas de réadaptation dans les hôpitaux de district. Des mesures ont été prises pour fournir ce type de services au niveau communautaire, mais ceux-ci restent limités en termes d’importance et de couverture géographique
(Ministère de la Santé de la RDP du Laos avec le soutien de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID) et l’OMS, « Systematic Assessment of Rehabilitation Situation in Lao People’s Democratic Republic », 2018).
Il est retourné à l’école, déterminé à continuer à étudier et à s’adapter à la perte de sa main droite. Malgré l’environnement parfois hostile, avec des commentaires particulièrement durs de la part de ses camarades de classe et de ses voisins, il est parvenu à étudier jusqu’à l’âge de 18 ans. Il avait déjà 27 ans lorsqu’il a bénéficié d’un soutien pour accéder pour la première fois aux services de réadaptation. Les autorités de son village l’ont orienté vers le centre provincial de réadaptation, qui se trouvait à quatre ou cinq heures de route de chez lui. Il est resté deux jours au centre, pour recevoir sa première prothèse de bras.
Les aides techniques (principalement des prothèses, des orthèses et un petit nombre d’aides à la mobilité) sont disponibles (gratuitement) par le biais de cinq centres de réadaptation financées par le MdS. Les coûts des matériaux sont pris en charge en partie par des partenaires de développement, et la durabilité financière de ce service n’est pas encore pleinement assurée »
(Ministère de la Santé de la RDP du Laos avec le soutien de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID) et l’OMS, « Systematic Assessment of Rehabilitation Situation in Lao People’s Democratic Republic », 2018).
Le dispositif n’avait pas beaucoup de fonctions, mais il lui a redonné confiance : « Je pouvais le porter pour les fêtes et à l’extérieur de mon village, sans que les gens sachent que j’avais été amputé », se souvient-il avec un large sourire. Au cours des onze dernières années, il a eu trois prothèses différentes. Il a reçu la dernière en 2023 de l’Autorité nationale de réglementation provinciale : un bras prothétique imprimé en 3D avec une fixation adaptée. Il espère un dispositif encore plus fonctionnel à l’avenir, pour gagner en autonomie dans sa vie quotidienne.
Des cadres d’action ont été développés au fil des ans pour orienter la réponse en matière de besoins en réadaptation et d’assistance aux victimes. La stratégie nationale de réadaptation du Laos 2018-2025 s’aligne sur les actions mondiales et régionales de l’OMS.
L’assistance aux victimes bénéficie d’un cadre d’action dédié pour la période 2022-2026, et elle est intégrée dans Safe Path Forward III 2021–2030 et dans le Plan de travail pluriannuel 2022–2026 (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2023).
Avec le recul, il est très reconnaissant d’avoir pu accéder aux services qu’il a reçus, mais il pense aussi à toutes ces personnes dont les besoins ne sont pas encore satisfaits :
« Il y a beaucoup d’autres personnes souffrant des conséquences des ENE au Laos. Chaque survivant d’ENE devrait recevoir des informations sur les services de réadaptation et avoir accès à ces services, en particulier dans les régions les plus reculées.
Il ne peut toujours pas accéder à tous les services dont il a besoin. Son œil a été abîmé dans l’explosion, et des fragments d’obus sont encore présents sous la peau aujourd’hui. Bien qu’il y ait des soins oculaires gratuits au niveau du district, il n’a pas été orienté vers les services appropriés et n’a jamais pu trouver le temps et les ressources nécessaires pour se rendre à la capitale du district afin de faire vérifier son œil droit. L’accessibilité financière est effectivement un problème.
« Je souhaite qu’il y ait plus de subventions pour aider les victimes sur le plan financier, afin que nous puissions subvenir aux besoins de notre famille. »
L’HISTOIRE DE MME XOUA XIONG - « JE ME SENS TOUJOURS DIFFÉRENTE »
Mme Xoua Xiong a 33 ans. Elle vit dans une communauté rurale de Hmong, dans le district de Houameuang. Elle et son mari cultivent du riz et du maïs, et élèvent des poulets, des cochons et des chèvres pour subvenir aux besoins de leurs six enfants. Lorsque leurs revenus sont insuffisants, ils travaillent comme journaliers dans d’autres fermes. Quand elle était enfant, Mme Xoua Xiong travaillait aux champs avec son père et son frère. Ils ne savaient pas que la terre était polluée par des engins non explosés (ENE).
Près de 25 % des villages du pays sont pollués par des engins non-explosés (ENE) (Ministère de la Santé de la RDP du Laos avec le soutien de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID) et l’OMS, « Systematic Assessment of Rehabilitation Situation in Lao People’s Democratic Republic », 2018). Au cours des cinq dernières années, une moyenne de 50 à 60 km de terres polluées par des bombes à sous-munitions ont été restituées chaque année. L’objectif du plan d’action pluriannuel 2022-2026 de la RDP du Laos est de restituer 500 km de terres. (Rapport de l’Observatoire des mines antipersonnel 2023).
À l’âge de 9 ans, alors qu’elle travaillait dans les champs, Mme Xoua Xiong a été gravement blessée dans un accident impliquant un ENE. Elle se souvient du long chemin jusqu’à l’hôpital provincial où les chirurgiens lui ont amputé le bras droit sous le coude.
« J’ai d’abord été ramenée à la maison, puis il a fallu des heures à mes parents pour atteindre la route principale où mon père a pu louer un camion et me conduire à l’hôpital. »
63 % de la population du Laos vit à plus de 100 km d’un centre de réadaptation (Humanité & Inclusion, Diagnostic iFAR [Améliorer l’accès financier à la réadaptation], « Analysis of the economic system of functional rehabilitation in Lao P.D.R », 2015, mis à jour en 2018).
Trois jours après l’amputation, Mme Xoua Xiong est rentrée chez elle avec une douleur physique et émotionnelle intense. La douleur s’intensifiant, elle a dû subir une seconde intervention chirurgicale pour raccourcir l’os. À l’époque, sa famille bénéficiait du soutien financier d’une ONG internationale, mais elle n’a pas reçu d’informations sur les services de réadaptation et les aides techniques disponibles.
De plus, Mme Xoua Xiong a dû faire face à la réaction négative de certains membres de sa famille et de la communauté, qui ne voulaient pas interagir avec une fille qui avait un membre amputé. Heureusement, ses enseignants et les autres élèves de l’école ont été bienveillants. Mme Xoua Xiong se souvient, par exemple, qu’on ne lui demandait pas de participer aux activités qu’elle ne pouvait pas accomplir, comme nettoyer l’école. Néanmoins, elle se sentait très différente des autres enfants : « Je n’aimais pas sortir, je préférais jouer seule et passer du temps toute seule. »
Des années plus tard, à l’âge de 13 ans, elle a reçu son premier bras prothétique, au centre de rééducation de Xian Khouang, après avoir été identifiée par les autorités du village et soutenue par une organisation non gouvernementale.
Dans de nombreuses régions du monde, les filles et les femmes de tous âges qui vivent avec un handicap sont confrontées à de multiples formes de discrimination et d’inégalités qui résultent de différents obstacles comportementaux, préjugés et stéréotypes qui s’entrecroisent (PNUD Asie et Pacifique, « Understanding and tackling intersectional stigma experienced by women and girls with disabilities », 2022).
« À l’école, je me sentais plus confiante, et il était plus facile pour moi d’écrire. Quand quelqu’un me regardait, il ne pouvait pas deviner que j’étais amputée. »
En 2022, Mme Xoua Xiong a reçu une prothèse imprimée en 3D de l’Autorité nationale de réglementation provinciale.
En cas d’accident avec un ENE, l’unité chargée de l’assistance aux victimes des autorités réglementaires nationales assure un suivi et fait le lien avec des prestataires pour que les victimes reçoivent un soutien essentiel.
(PNUD, « Background paper for UXO donor and media field visit, 31 March–2 April 2021 », avril 2021
Elle raconte que le dispositif était trop serré, car elle était plus mince au moment où les mesures ont été prises. Aujourd’hui, elle utilise très rarement cette aide technique : « Il m’aide dans mon travail quotidien et pour les petites tâches, mais il n’a pas toutes les fonctions d’un vrai bras et il ne m’aide pas à porter des charges lourdes. » Sans soutien externe, Mme Xoua Xiong ne sait pas comment être orientée vers un centre de réadaptation pour adapter sa prothèse, ni comment couvrir les coûts de transport et d’hébergement.
En RDP du Laos, la réadaptation est très limitée au niveau des districts et au niveau communautaire, et la prise en charge / les circuits de référencement ne sont pas suffisamment développés. (Ministère de la Santé de la RDP du Laos avec le soutien de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID) et l’OMS, « Systematic Assessment of Rehabilitation Situation in Lao People’s Democratic Republic », 2018).
Devenue aujourd’hui adulte, elle se sent toujours très différente des autres femmes et elle pense que certaines personnes de son village ne la respectent pas à cause de son handicap. Elle est reconnaissante pour le soutien apporté aux personnes handicapées par certaines organisations et pour le soutien de son mari sur lequel elle peut compter. « C’est ma femme et je l’aime », confie-t-il. « Je m’en fiche si elle ne peut pas faire le même travail que les autres. »
Ces histoires diverses et singulières se rejoignent pour adresser un appel commun : il est temps d’intensifier les efforts et de garantir une réadaptation et des technologies d’aide de qualité pour tous ceux qui en ont besoin. Il s’agit d’une question de droits, d’inclusion et de dignité.
Dans cette optique, les pouvoirs publics, les organisations internationales, et les acteurs humanitaires et de développement peuvent entreprendre les actions suivantes :
1
Renforcer les ressources financières et techniques pour fournir aux victimes un soutien systématique.
2
Promouvoir une approche centrée sur la personne dans l’assistance aux victimes et la fourniture de services de réadaptation.
3
Renforcer les services de réadaptation et les technologies d’aide au sein des systèmes de santé.
4
Garantir l’accès humanitaire dans les situations de conflit armé et intégrer l’assistance aux victimes et la réadaptation dans la réponse humanitaire.
5
Élargir la couverture des coûts associés à la réadaptation et aux technologies d’aide dans les mécanismes de santé et de protection sociale.
6
Accroître l’accessibilité, dont l’accessibilité financière, des technologies d’aide de qualité.
7
Assurer la participation significative des victimes, des survivants, des personnes handicapées et des utilisateurs des services de réadaptation en général.
8
Garantir un niveau adéquat de soutien financier et technique pour l’assistance aux victimes.
9
Réaliser des activités d’éducation aux risques et de prévention.
10
Soutenir la recherche sur la réadaptation et les technologies d’aide.
À PROPOS DE LA TERMINOLOGIE
RÉADAPTATION
Ensemble d’interventions conçues pour optimiser le fonctionnement physique, social et mental des personnes en interaction avec leur environnement. La réadaptation est centrée sur la personne et englobe un large éventail de mesures thérapeutiques, notamment la fourniture de technologies et de dispositifs d’aide, des exercices, des formations, des informations, un soutien et un accompagnement, et l’adaptation de l’environnement de sorte à éliminer les obstacles.
TECHNOLOGIES D'AIDE
Expression générique désignant les systèmes et les services associés à la fourniture d’aides techniques (produits ou services). Les aides techniques (tels que les fauteuils roulants, les béquilles, les prothèses, les appareils auditifs, les lecteurs d’écran, etc.) maintiennent ou améliorent le fonctionnement et l’indépendance d’un individu, et favorisent ainsi son bien-être.
ARMES EXPLOSIVES
Cette expression fait référence aux armes activées par la détonation d’une importante substance explosive qui crée essentiellement un effet de souffle et de fragmentation. Certains types d’armes explosives, dont, entre autres, les bombes aériennes, les obus d’artillerie, les roquettes, les grenades, les missiles ainsi que les engins explosifs improvisés, ont un large rayon d’impact et provoquent des dommages considérables lorsqu’ils sont utilisés en zones peuplées.
ENGINS EXPLOSIFS
Dans le cadre des activités entreprises par l’action contre les mines, cela englobe les munitions suivantes : mines, armes à sous-munitions, munitions non-explosées, munitions abandonnées, pièges et engins explosifs improvisés.
RESTES EXPLOSIFS DE GUERRE
Restes explosifs de guerre et engins non-explosés.
VICTIMES (D’ARMES ET D’ENGINIS EXPLOSIFS)
Personnes ayant été tuées ou ayant subi individuellement ou collectivement des préjudices physiques, émotionnels et/ou psychologiques, une perte matérielle, une marginalisation sociale ou une atteinte majeure à la réalisation de leurs droits fondamentaux en raison d’actes ou d’omissions liés à l’utilisation d’engins explosifs et/ou d’armes à large rayon d’impact en zones peuplées. Le terme « victimes » englobe les personnes blessées et tuées (victimes directes) ainsi que les membres des familles des personnes blessées et tuées, et les individus et communautés vivant dans des zones polluées par des armes ou engins explosifs (victimes indirectes). Le terme « victime » reste le terme juridique clé parmi les acteurs du désarmement malgré les revendications d’un certain nombre de personnes (issues notamment de la communauté des personnes handicapées) qui affirment que ce mot est dévalorisant et ne rend pas compte de la capacité d’action des individus.
ASSITANCE AUX VICTIMES
Ensemble d’activités visant à répondre aux besoins et aux droits des personnes victimes d’armes et d’engins explosifs, qui comprend le recueil de données, les soins médicaux d’urgence et continus, la réadaptation physique et fonctionnelle, le soutien psychosocial et psychologique, l’inclusion socio-économique, les lois et les politiques. Les actions et les programmes d’assistance aux victimes ne devraient cependant pas défavoriser les personnes ayant acquis un handicap dans d’autres circonstances, les personnes handicapées ni les autres personnes ayant des besoins similaires.
Le présent rapport « La réhabilitation compte » est publié par Humanity & Inclusion (HI) avec le soutien financier du ministère des Affaires étrangères de Norvège.
Six personnes, identifiées par le personnel d’Humanity & Inclusion et de ses partenaires locaux en Colombie, au Laos et en Irak, ont accepté de partager les expériences qu’ils ont vécues. Ces personnes ont été reçues par le personnel d’Humanity & Inclusion dans le cadre d’entretiens semi-structurés. Ce rapport présente une version synthétique et enrichie des entretiens retranscrits. Les photos et les courtes vidéos ont été prises après les entretiens. Une revue documentaire a été réalisée auprès de sources fiables pour obtenir des données et des faits venant appuyer les témoignages.
Plusieurs membres du personnel de HI ont contribué au projet, en particulier les membres du Comité de rédaction (par ordre alphabétique) : Alexandra Letcher, Aurélie Beaujolais, Blandine Bouniol, Cécile Rolland, Claire Perrin-Houdon, Gabriel Mora, Gilles Lordet, Johana Huertas, Mara Bernasconi, Maria Angelica Serrato Aya, Marion Guillaumont, Natalia Briceño Hernández, Patrick Lefolcalvez, Pushpak Newar, Sora Radi, Valentina Pomatto, et Violette van Bever.
Humanity & Inclusion a bénéficié du soutien des photographes et vidéastes professionnels Juan Manuel Vargas Ramirez (en Colombie) et Ka Xiong et son équipe (au Laos).
HI tient à exprimer sa plus profonde gratitude aux six protagonistes de ce rapport pour leur franchise, leur générosité et leurs précieuses considérations. HI remercie tous les contributeurs, notamment les partenaires, non seulement pour la qualité de leurs contributions, mais aussi pour leur état d’esprit constructif et leur engagement à promouvoir la réadaptation dans le contexte de l’assistance aux victimes
Pour en savoir plus sur la travail de Humanity & Inclusion sur l’assistance aux victimes, visitez :
https://www.hi.org/fr/reduction-de-la-violence-armee
Pour en savoir plus sur la travail de Humanity & Inclusion dans un pays spécifique, visitez :
https://www.hi.org/fr/hi-dans-le-monde