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Khadidiatou Ba pendant l’atelier genre et handicap à Saly, Sénégal, en février 2022. | © Fran6Concept / HI
Je m’appelle Khadidiatou Ba, je suis la présidente du Comité départemental des femmes de la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées. De longue date déjà, HI travaille avec nous sur le terrain.
Je suis spécialiste des droits des personnes handicapées, grâce à une formation internationale sur la Convention relative aux droits des personnes handicapées dont j’ai bénéficié. Je suis engagée dans toutes les activités qui touchent les personnes handicapées.
Souvent, à cause de la violence économique, les femmes handicapées sont pauvres. La violence économique, c’est quand on ne peut pas aller à l’école à cause de barrières d’accessibilité, puis qu’on ne peut pas travailler parce qu’on n’a pas de diplôme. C’est quand tout un système ne vous a pas préparée. Moi-même, j’ai rencontré des problèmes liés à l’accessibilité pendant mes études. Déjà, ma mère ne souhaitait pas vraiment que j’aille à l’école de peur de me voir tomber dans les rues. A cause de mon handicap, je marchais avec des béquilles. Plus tard, je n’ai pas pu accéder à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar faute d’accessibilité.
La société idéale est une société inclusive et sans violence, qui ne laissera personne derrière. Le développement d’un pays se mesure au plus bas de l’échelle. Si le Sénégal, ou tout autre pays, laisse des personnes handicapées mendier dans les rues, alors il n’est pas développé.
Les femmes handicapées sont très engagées dans nos associations. Pourtant, elles restent souvent absentes des instances de décision. C’est pour cela que nous continuons de mener des actions de sensibilisation, pour intégrer les instances de décision, pour diriger les associations. C’est un long processus.
Je pense aussi que les femmes, handicapées et non-handicapées, doivent intégrer les mouvements politiques. Quand on fait de la politique et qu’on intègre les instances de décision, personne ne peut parler à notre place. Aujourd’hui, il faut faire en sorte que l’inclusion soit une priorité dans toutes les mesures politiques. Avant, l’approche caritative primait ; aujourd’hui, on en est à l’approche droits, qui passe par des mesures politiques.
On a besoin de ça, car on en est à un point où les personnes handicapées doivent porter leur propre plaidoyer et parler elles-mêmes de leurs problèmes, pour ne pas être oubliées.
Pour ma part, je milite dans un parti politique d’opposition. Grâce à mon parcours et à mes réalisations, je suis aujourd’hui la représentante des femmes de ce parti au niveau national. C’est une fierté pour moi et je crois aussi que c’est un exemple à suivre pour mes paires.
Là où les femmes non-handicapées subissent des violences, nous, nous en subissons le double. Il y a des violences verbales, économiques, sexuelles... Il est impératif que les femmes non-handicapées adoptent l’inclusion et nous appuient. Je dis souvent que pour gagner une lutte, il faut une synergie d’action avec toutes les autres organisations. C’est comme ça qu’on a obtenu la parité ou la criminalisation du viol.
Il faut qu’on accepte de dénoncer les violences, car en Afrique, il y a beaucoup de tabous et certaines choses ne sont pas dites. Quand un parent proche viole une personne handicapée, personne n’en parle. La société doit changer de mentalité par rapport aux violences faites aux femmes. Il faut plus de promotion des textes de loi, plus de plaidoyer, pour changer ces habitudes.
Le rôle d’associations partenaires comme HI est de nous soutenir dans ce combat. Nous avons cheminé de longue date avec HI : depuis que j’ai intégré le mouvement des personnes handicapées, HI est sur le terrain et travaille à nos côtés. Son rôle est d’accompagner les organisations de personnes handicapées et les femmes handicapées victimes de violences. Les accompagner, les former et les outiller.
Ma force, c’est de constater que la relève générationnelle est assurée. On sait que tant que le monde existera, la violence continuera. Il faut donc ne jamais cesser de lutter. Pour cela, il faut former les jeunes femmes handicapées, afin de laisser derrière soi des militantes qui seront vraiment capables de porter haut le plaidoyer.
Je souhaite encourager les filles, surtout les filles handicapées, à trouver des mentors parmi les femmes handicapées. Il y a beaucoup de femmes handicapées qui sont des exemples à suivre.
HI est une organisation de solidarité internationale indépendante et impartiale, qui intervient dans les situations de pauvreté et d’exclusion, de conflits et de catastrophes. Œuvrant aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables, elle agit et témoigne, pour répondre à leurs besoins essentiels, pour améliorer leurs conditions de vie et promouvoir le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
Là où sévissent les conflits, les catastrophes naturelles, la pauvreté et l’exclusion, nous travaillons aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables pour améliorer leurs conditions de vie.