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À Madagascar, Fifaliana retrouve confiance grâce à sa prothèse

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Réadaptation | Madagascar | PUBLIÉ LE 17 mars 2025
Fifaliana est debout devant une porte, en extérieur. Elle sourit et porte une jupe, ou l'on voit qu'elle a une prothèse à la jambe droite.

À Madagascar, Fifaliana, 25 ans, a retrouvé confiance en elle grâce à une prothèse reconditionnée fournie par HI dans le cadre du projet Liimba | © A. Perrin / HI

Fifaliana vit avec une prothèse reconditionnée, reçue dans le cadre du projet Liimba de HI. Elle aimerait maintenant trouver un emploi pour continuer son chemin vers l’autonomie.

Fifaliana est une jeune femme de 25 ans qui vit à Madagascar, près de la capitale Antananarivo, avec sa famille. Elle partage son quotidien avec sa mère, Fanja, sa sœur, sa belle-sœur et leurs enfants. Elle participe activement à l'élevage de volailles familial et consacre son temps libre à l'une de ses passions : le football. La jeune femme espère trouver un travail dans les prochains mois pour gagner en indépendance.

Une enfance marquée par l’exclusion

Dès ses premiers mois, la vie de Fifaliana a été marquée par un défi majeur. Trois mois après sa naissance, sa mère a remarqué que sa jambe droite gonflait anormalement. Les médecins, d'abord convaincus qu'il s'agissait d'un problème veineux, les veines de sa jambe ne fonctionnaient pas correctement et étaient comme nouées, ont finalement détecté un début de cancer. La seule solution envisageable pour la sauver était l'amputation. Avant même de fêter son premier anniversaire, Fifaliana a subi cette intervention qui a bouleversé sa vie.

Pendant plusieurs années, Fifaliana se déplaça avec deux béquilles. Elle n’a eu accès à une prothèse qu'à partir de l'âge de sept ans. Ce manque d’équipement a beaucoup complexifié son quotidien, limitant ainsi sa mobilité, son autonomie et ses interactions avec les autres enfants de sa communauté.

Avant de recevoir sa première prothèse, la jeune femme raconte que son parcours scolaire a été difficile. À l’école, elle a dû affronter des regards insistants, ses camarades se moquaient d’elle et la rejetaient car elle ne pouvait pas courir comme eux. Ces brimades l’ont souvent poussé à quitter l’école pour s’isoler, pleurer et chercher refuge auprès de sa mère à qui elle racontait l’exclusion dont elle était victime. Fanja, sa maman, a toujours eu les mots justes pour la réconforter. Fifaliana ressortait jouer pour se vider la tête. Le sport, et particulièrement le football, lui a offert un espace d’évasion.

Une prothèse pour retrouver confiance

Dès qu’elle a reçu sa première prothèse, Fifaliana a retrouvé confiance en elle : sa mère se souvient d'une petite fille « radieuse et ouverte aux autres, moins timide et plus sûre d'elle ». Avec le temps, cette prothèse s'est abîmée, et en 2024, elle a reçu une nouvelle prothèse grâce au projet Liimba de HI. Elle a ensuite bénéficié d’un suivi de trois à quatre mois pour assurer l’ajustement optimal de sa nouvelle prothèse.

« J’ai un bon souvenir de ma prise en charge, mon ancienne prothèse était abimée, et les équipes ont fait en sorte que la nouvelle soit prête très rapidement »

Aujourd'hui, elle se sent parfaitement à l'aise avec cette prothèse qui lui permet de vivre « comme les autres » et de mener une vie plus indépendante : pouvoir marcher, courir et continuer de jouer au foot librement.

Un appel à la solidarité

Son message aux autres personnes handicapées est clair : il faut rester fort, se relever face aux épreuves et s'encourager mutuellement. La solidarité et le soutien sont, selon elle, essentiels pour avancer.

Malgré ces progrès, des difficultés subsistent. Fifaliana aimerait travailler, mais l'appréhension d'être à nouveau confrontée à des moqueries, ou à une discrimination de la part des recruteurs, l'empêche d'envoyer des candidatures.

« Je suis parfois triste en pensant à mon handicap, mais je l’accepte. En revanche, ce qui me frustre, c’est de ne pas avoir de travail » confie-t-elle.

Lorsqu’elle était plus jeune, elle rêvait de devenir médecin, pour aider les autres. Mais faute de moyens, elle n’a pas pu poursuivre ses études. Aujourd’hui, si ce rêve semble hors de portée, elle garde l’espoir de trouver une autre voie qui lui permettra de s’épanouir.

L'exclusion sociale et professionnelle reste un défi majeur pour les personnes handicapées. Il est essentiel de promouvoir l'inclusion et de sensibiliser les employeurs à la valeur des compétences, à l'importance d'un recrutement équitable et à l'adaptation des postes de travail pour offrir à chacun et chacune une réelle opportunité de s'épanouir professionnellement.

Encore aujourd’hui, Fanja et Fifaliana ont une relation fusionnelle. Sa mère est fière de la jeune femme qu'est devenue Fifaliana, et espère qu'elle trouvera bientôt un emploi inclusif, qui lui permettra de continuer à gagner en confiance et en autonomie.

Depuis la création du projet Liimba en 2006, les équipes de HI collectent des centaines de prothèses usagées, auprès de particuliers et de professionnels, pour en reconditionner les composants. Cette initiative unique, déployée en Belgique, en France, au Luxembourg et en Suisse, a pour objectif final de permettre à des personnes handicapées d’accéder à un appareillage de qualité et de regagner leur mobilité.
Une fois collectés, les composants sont envoyés dans un atelier, près de Lyon en France, où une équipe de bénévoles les démonte, les nettoie et les trie pour identifier les pièces réutilisables et les reconditionner. Ces pièces sont par la suite envoyées dans les pays d’intervention de HI où le projet Liimba est mis en œuvre ; ils serviront à construire de nouvelles prothèses et mis à la disposition des personnes en ayant besoin.

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