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Guérir des blessures du passé

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Réadaptation | Santé | Ouganda | PUBLIÉ LE 24 juillet 2024
Deux personnes, une femme et un homme, travaillent dans un champ. Ils tiennent chacun une bêche de la main droite et une béquille de la main gauche.

Emmanuel et Binega utilisent leurs béquilles pour travailler dans leur jardin. | © Infomercial Media / HI

Plus de 135 000 réfugiés vivent à Kyangwali, dans l’ouest de l’Ouganda. C’est le cas d’Emmanuel, dont la vie a été marquée par de nombreuses épreuves.

Dans le camp de Kyangwali, il y a plus de 20 300 personnes handicapées et une famille sur deux compte au moins une personne handicapée en son sein. HI a ainsi proposé un soutien en santé mentale et en réadaptation physique et fonctionnelle à plus de 2 300 personnes, notamment à travers des séances de kinésithérapie et la fourniture d’aides à la mobilité telles que des cannes ou des fauteuils roulants.

Un homme éprouvé par la vie

Emmanuel Ukar, 72 ans, vient de la République démocratique du Congo. Réfugié en Ouganda depuis cinq ans, il vit avec sa femme Binega Aromborac dans le camp de réfugiés de Kyangwali, situé à l’ouest du pays. Son chemin depuis la RDC a été semé de deuils. Emmanuel est le cinquième enfant d’une fratrie de quinze frères et sœurs, dont seuls cinq sont encore en vie… sans qu’il n’ait plus aucunes nouvelles d’eux. Le destin semble s’être acharné sur Emmanuel, qui a aussi perdu les neuf enfants nés de son premier mariage.

« Je ne peux même pas vous décrire la douleur que j'ai éprouvée face à ces pertes répétées. J’avais même commencé à croire que j'étais maudit. Pourquoi est-ce que le malheur continue de frapper ? Même ici, en Ouganda, j’ai dû faire face à l’adversité quand l’apparition d’un handicap physique m'a empêché de vivre et de travailler comme avant. »

À son arrivée en Ouganda, Emmanuel est tombé dans un fossé et s'est cassé la jambe. Après cet accident, il a commencé à ressentir des douleurs qui l’ont rapidement empêché de travailler et de subvenir aux besoins de sa famille. L’épreuve a été difficile pour le couple : sa femme le rabaissait, poussant Emmanuel à rester au lit, ce qui aggravait encore ses symptômes.

Reprendre pied

Emmanuel et Binega lors d’une séance de conseil. © Infomercial Media / HIEmmanuel a entendu parler de HI grâce aux groupes de soutien de sa communauté, qui lui ont permis de se sentir un peu moins stressé. Toutefois, malgré ces rencontres, Emmanuel se sentait toujours déprimé ; c’est ainsi qu’il a été orienté vers les équipes de psychologues et de kinésithérapeutes de HI. Emmanuel a reçu des béquilles et a fait des exercices pour apprendre à s’en servir et diminuer ses douleurs.

Il a aussi suivi des sessions individuelles avec une psychologue de HI, qui lui a donné des conseils sur la qualité du sommeil, ainsi que des techniques permettant de rompre le cycle de l’inactivité et de l’isolement. Emmanuel a aussi été accompagné pour questionner et modifier ses croyances négatives vis-à-vis de lui-même, des autres et de son environnement. Ensemble avec sa femme, ils ont participé à des séances de couple pour les aider à résoudre leurs conflits.

Binega a, elle aussi, suivi un soutien psychosocial individuel, ainsi que des exercices avec un kinésithérapeute pour soulager ses douleurs physiques. Elle a également reçu des béquilles pour faciliter ses déplacements.

« Les séances de conseil ont été très utiles, car elles m'ont permis de mieux comprendre ce qui m’arrivait. J’ai été accueilli dans un espace sûr et sans jugement, libre d’exprimer ma pensée et mes sentiments et de travailler à la résolution de mes conflits. Grâce aux séances, j'ai constaté un vrai changement. J'ai recommencé à voir la vie d'un œil positif et mes relations avec ma femme et avec les autres se sont grandement améliorées », se réjouit Emmanuel.

Emmanuel se sent beaucoup mieux aujourd’hui. Il a repris le travail, en ouvrant un commerce grâce au soutien financier que lui a apporté la Croix rouge ougandaise, auprès de qui HI l’avait référé.

Le projet InCharge a été mené en Ouganda entre août 2021 et juillet 2024, sous la direction de Medical Teams International. En tout, plus de 5 100 personnes ont été accompagnées dans les camps de Kyangwali et Kyaka, dont environ 1 400 en réadaptation et 3 700 en santé mentale.

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