En RDC, HI apporte son soutien à des personnes en situation de handicap comme Jacques et sa mère Jeanne, pour leur inclusion totale au sein de la société. | © R. Colfs / HI
Ce Sommet Mondial sur le Handicap (SMH) est le deuxième du genre. En 2018, le premier avait rassemblé des acteurs de différents gouvernements, d’organisations de la société civile, des Nations unies et des organisations de personnes en situation de handicap (OPH) afin d’aborder l’inclusion du handicap et le développement inclusif.
L’inclusion du handicap est une problématique clé : environ 1 milliard de personnes, c’est-à-dire 15 % de la population mondiale, ont un handicap. Et ce chiffre n’est qu’une estimation, en raison de l’absence de données mondiales sur les personnes handicapées. Elles forment pourtant la plus grande minorité de la planète.
Le manque de conscience au sein des gouvernements et des prestataires de services crée pour les personnes handicapées de nombreux obstacles, comme les facteurs d’accessibilité. Cependant, l’obstacle principal est comportemental, car ces personnes sont souvent stigmatisées et discriminées. Ainsi, l’un des principaux défis d’aujourd’hui reste la sensibilisation, pour montrer que les personnes handicapées ont les mêmes droits que les personnes non-handicapées et qu’elles doivent avoir un accès égal aux services.
Ce SMH est un tournant majeur car actuellement, le mouvement en faveur des droits des personnes handicapées prend mondialement de l’ampleur. Nous souhaitons véritablement que ces débats et ces partenariats se concrétisent par des avancées pour les droits et l’inclusion des personnes handicapées. Il est extrêmement important de demander des comptes aux différentes parties prenantes sur la concrétisation de leurs engagements, et de s’assurer qu’elles incluent des personnes handicapées et des OPH dans tous leurs programmes, politiques et initiatives.
Moins de 2 % de l’aide internationale incluait les personnes handicapées entre 2014 et 2018, selon un rapport compilé par le Stakeholder Group of Persons with Disabilities. Par conséquent, les acteurs de la scène internationale doivent vraiment poursuivre leur effort de financement et fournir un soutien plus direct aux OPH en les rémunérant pour leur expertise.
L’inclusion en matière de santé, d’éducation et d’action humanitaire est au cœur des sujets soulevés par le Secrétariat du Sommet. L'inclusion est aussi au centre du travail et des interventions de HI.
En ce qui concerne l’éducation inclusive, HI s’engage auprès des systèmes éducatifs locaux pour former les enseignants à inclure les élèves handicapés. Notre travail s’attachera en particulier à aider les enfants et les jeunes dont les besoins sont à la fois complexes et variés, qu’ils présentent une déficience intellectuelle, des troubles de la communication ou des difficultés psychosociales. HI travaille à l’élaboration d’un guide et de boîtes à outils qui seront disponibles dans les 2 ans, à un projet de recherche sur le modèle des enseignants itinérants et du mécanisme de soutien, et à l’application de ces innovations dans au moins cinq projets pilotes dans les 2 ans. Parmi nos autres actions, citons également la défense des efforts de financement, afin de renforcer les systèmes d’éducation inclusive et d’augmenter les investissements, au sein des plateformes et des réseaux internationaux.
Dans le secteur de la santé, HI œuvre surtout pour la défense de la santé et des droits sexuels et de la reproduction (SDSR). Entre autres initiatives, l’organisation s’engage à développer au moins quatre nouveaux projets SDSR inclusifs dans les quatre prochaines années, par la participation concrète d’organisations de personnes handicapées. En outre, par un plaidoyer fourni et nourri auprès de partenaires clés, HI s’engage à influencer l’élaboration d’au moins quatre politiques, stratégies ou budgets aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et dans l’Union européenne dans les 4 prochaines années.
Il est courant que les personnes handicapées soient ignorées dans les plans de préparation aux désastres et laissées pour compte lorsqu'une catastrophe naturelle frappe. L’augmentation du nombre de ces catastrophes en raison du changement climatique va augmenter la vulnérabilité des personnes handicapées. Pour lutter contre ce phénomène, HI s’engage entre autres à soutenir les personnes handicapées dans leur participation concrète aux réponses humanitaires. D’ici 2025, l’organisation va mettre au point, tester et partager deux boîtes à outils destinées aux professionnels du terrain et trois enseignements tirés d’études de cas.
HI a également formulé un engagement envers une implication concrète et des partenariats durables avec des OPH dans tous ses projets. Par des initiatives de développement économique et d’éducation, HI va favoriser le développement des capacités en matière de plaidoyer et d’inclusion dans cinq pays d’ici fin 2026. L’organisation s’engage également pour la reconnaissance du handicap, du genre et de l’âge comme composants transversaux et facteurs de vulnérabilité critiques pour les populations touchées par des crises soudaines ou par la pauvreté sur le long terme. En reconnaissant la diversité de la communauté des personnes handicapées, HI s’engage à tenir compte du handicap, du genre et de l’âge dans le cadre de tous ses projets d’ici fin 2023, afin de s’assurer que tous les groupes, même ceux marginalisés au sein de cette communauté, comme les personnes ayant une déficience intellectuelle ou des difficultés psychosociales, bénéficient des mêmes opportunités et de la même représentation dans toutes les initiatives.
La participation concrète et l’inclusion de personnes handicapées sont également importantes dans de nombreuses autres problématiques, comme la lutte contre le changement climatique et la réduction des risques de catastrophes. HI a participé à la COP de Glasgow en 2021 et l’inclusion du handicap n’était pas du tout à l’ordre du jour.
Nous devons augmenter la portée de l’inclusion du handicap et nous assurer que cette inclusion soit pertinente et non traitée comme une simple case à cocher. HI plaide plus que jamais en faveur d’un financement plus important pour les projets d’inclusion. L’organisation souhaite également que les parties prenantes tiennent compte de l’inclusion du handicap dès le début de leurs projets et impliquent des OPH dans leur conception.
HI s’attend à davantage d’efforts de la part des États, des entités des Nations unies et des donateurs pour soutenir les actions inclusives. Il n’existe aucune obligation contractuelle de tenir les engagements pris, et certains acteurs présents au Sommet précédent n’y ont pas donné suite. Pour ce Sommet, la pression et le suivi doivent être plus importants. Les engagements doivent être assortis de mesures pratiques et d’un délai de réalisation, de sorte à augmenter leurs chances de concrétisation.
Le SMH s’inscrit dans la droite ligne de l’action et de la mission de HI. Depuis plus de 40 ans, HI travaille avec les personnes handicapées et les populations vulnérables, œuvrant pour répondre à leurs besoins vitaux, améliorer leurs conditions de vie ainsi que promouvoir et respecter leurs droits fondamentaux. HI est également une organisation unique car elle intervient non seulement dans des situations de pauvreté et d’exclusion, mais aussi de conflit et de catastrophe naturelle. Les actions de l’organisation englobent les principaux axes du sommet, s’attachant à œuvrer dans un contexte de développement à travers l’éducation et la santé, mais aussi à intervenir dans des situations centrées sur l’aide humanitaire.
En outre, par sa politique de reconnaissance du handicap, du genre et de l’âge, HI adopte une approche plus transversale de l’inclusion. Cette approche prend de la vitesse à l’échelle mondiale : la dynamique actuelle est propice à examiner les différentes identités d’une personne, et le rôle qu’elles jouent dans son quotidien.
Il est essentiel de rester fidèle à la devise des droits des personnes handicapées : « rien sur nous, sans nous ». Comment travailler sur la question des droits des personnes en situation de handicap sans inclure ces mêmes personnes ? Car ce sont elles les meilleurs spécialistes en la matière : elles connaissent comme personne leurs propres besoins, les obstacles qu’elles rencontrent et les problèmes d’accessibilité. Elles doivent jouer un rôle central dans la traduction de leurs droits fondamentaux en mesures concrètes améliorant véritablement leur vie.
Les OPH permettent à ces personnes de se rassembler et de parler d’une seule voix. Cette voix unique et cette dynamique collective a vraiment pesé lourd dans la force du mouvement en faveur des droits des personnes handicapées que nous observons dans le monde aujourd’hui.
HI a toujours noué des partenariats avec les organisations locales afin de favoriser leur participation active, l’égalité d’accès aux opportunités et aux ressources, et l’accessibilité de l’environnement.
En Iraq, les équipes de HI travaillent avec l’Iraqi Alliance of Disability (IADO). Par exemple, en 2019, HI a soutenu l’IADO dans une publication commune sur un contre-rapport sur la CDPH, qui a éclairé le comité des Nations unies sur la perspective de la société civile. Ceci a conduit à 69 recommandations adressées au gouvernement iraquien et a encouragé le Premier Ministre à signer un décret visant à réserver un certain pourcentage d’emplois aux personnes en situation de handicap.
HI soutient l’implémentation de la Convention relative aux droits des personnes handicapées dans 59 pays et mène actuellement 35 projets nationaux dans 25 pays, où nous travaillons avec les OPH. HI soutient les OPH par de petites subventions, le renforcement des capacités (ateliers et formations sur un plan d’action de plaidoyer, par exemple), des partenariats et des efforts renforçant le plaidoyer, au niveau local, régional, national et international.
L’objectif principal de HI est de travailler à l’échelle locale, communautaire, puis de porter ces efforts au niveau national et international afin de créer des réseaux et d’initier des débats constructifs. Par exemple, HI a élaboré un programme de renforcement des capacités dans 15 pays d’Afrique de l’Ouest. La principale OPH dans cette région est la Fédération Ouest Africaine des Organisations de Personnes Handicapées, qui à son tour soutient les fédérations d’OPH plus petites.
Dans la plupart des contextes, HI n’a pas besoin de conduire les actions de plaidoyer, car l’organisation est présente uniquement en soutien et non pour parler à la place des OPH.
Ruby Holmes est spécialiste mondiale de la gouvernance en matière d’inclusion.
Elle travaille au sein de HI depuis plus de 3 ans et représente l’organisation dans de nombreux consortiums internationaux. Elle œuvre avec les équipes de HI pour les aider à soutenir la société civile et les organisations de personnes handicapées, grâce à des supports pédagogiques, des ateliers de renforcement des capacités, des événements autour du plaidoyer, etc. Elle s’assure que HI noue des partenariats avec des organisations locales et les implique significativement dans l’élaboration de ses projets.
