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Le personnel et les bénévoles de HI évaluent les besoins et fournissent des appareils et des kits d'assistance aux personnes déplacées dans les abris d'urgence, à Rafah, Gaza, en octobre dernier. | © HI
Alors que les violences font rage à Gaza, le nombre de blessés monte en flèche. Un grand nombre d’entre eux risquent de développer des handicaps permanents.
Depuis le 7 octobre 2023 et l'escalade de violences entre Israël et le Hamas, 29 000 Palestiniens ont été tués et 69 000 blessés dans les bombardements incessants à Gaza par les forces israéliennes. Cette offensive meurtrière fait suite à une attaque massive lancée par le Hamas contre Israël, au cours de laquelle 1 200 Israéliens ont été tués et 240 Israéliens et ressortissants étrangers ont été pris en otage.
Tous les efforts de HI se concentrent désormais à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où 1,4 million de personnes du nord ont reçu l'ordre de se déplacer et vivent désormais dans des conditions épouvantables, sans nourriture, sans eau potable, sans assainissement, sans médicaments et sans abris adéquats.
Dans le contexte actuel de violence extrême, alors que le téléphone et Internet sont régulièrement coupés, contacter les personnes ayant besoin d'aide humanitaire ou médical devient un véritable défi. En temps normal, il suffit d'un simple appel téléphonique...
Mais maintenant, les équipes de HI sont informées d’une personne en détresse par bouche à oreille ou par des organisations partenaires. Nos travailleurs sociaux prennent alors leur voiture et se rendent à l'hôpital ou dans le camp où la personne s'est réfugiée pour s'entretenir directement avec elle. Mais les déplacements dans Gaza sont limités en raison des bombardements incessants et des barrages que constituent les décombres et les destructions. Il est dangereux de se déplacer en voiture, même quelques kilomètres.
Lorsque l’équipe parvient à rejoindre la personne qui a besoin de notre aide, nous rassemblons toutes les informations essentielles. Pour obtenir une image plus claire de ses blessures, nous utilisons une carte du corps et nous demandons à la personne de situer sa douleur, sa blessure, sa faiblesse… Depuis le 7 octobre, HI a évalué près de 10 000 personnes, dont des dizaines qui ont subi une amputation.
« Le CICR m'a informé récemment que 70 à 80 % des personnes qui arrivent à l'hôpital ont été amputées ou souffrent de lésions de la moelle épinière. Les chiffres sont énormes. Cela est dû au type d'armes utilisées, explique Reham Shaheen, experte en réadaptation chez HI. HI compte à elle seule de nombreuses personnes sur sa liste d'attente pour des appareils d'assistance. Tout le monde est en rupture de stock. L'approvisionnement est notre principal défi, ainsi que les questions de sécurité concernant les déplacements entre les hôpitaux et les abris sans être tué ou blessé. »
De nombreuses personnes ayant fui les violences et les bombardements n'ont pas reçu de soins médicaux adéquats. Parmi elles, de nombreuses personnes ont été amputées.
La majorité des amputés ont encore des plaies ouvertes, des brûlures et des fractures non traitées. Certains d'entre eux ont même des éclats d'obus dans le corps. Les infirmiers et infirmières de HI pansent donc immédiatement leurs plaies afin de réduire le risque d'infection. Depuis octobre, les équipes ont pansé plus de 2 200 blessés.
Lorsque les infirmiers apportent ces soins, nos psychologues sont là pour les soutenir. En utilisant différentes méthodes, ils tentent de distraire le patient, car il n'y a pas d'anesthésie et le processus peut être très douloureux.
La plupart des blessures (fractures, lésions de la moelle épinière, amputations et brûlures) nécessitent une rééducation. Dans le cas contraire, le patient peut développer une raideur dans le membre affecté qui peut conduire à des limitations fonctionnelles ou à une invalidité permanente.
La situation est aujourd'hui tellement chaotique. De nombreux blessés fuient en voiture, à cheval ou à dos d'âne. Ils arrivent dans des abris ou des hôpitaux surpeuplés avec des blessures qui ne sont pas soignées pendant des jours, entraînant des complications et des infections potentiellement mortelles.
« Toutes les équipes médicales et de rééducation à Gaza sont dépassées par la situation et manquent d'équipement et de matériel pour traiter correctement les patients. La situation humanitaire n'est plus gérable. Seuls deux hôpitaux fonctionnent encore et des milliers de blessés attendent d'être soignés à l'extérieur. Il ne fait aucun doute que de nombreux blessés finiront par souffrir d'un handicap permanent », a déclaré Federico Dessi, directeur de HI pour le Moyen-Orient.
HI a fourni 2 000 séances en 4 mois aux personnes blessées et handicapées et a distribué 1 400 appareils d'assistance, tels que des béquilles et des fauteuils roulants.
Normalement, l'objectif des exercices de rééducation est de prévenir les complications et d'aider à améliorer ou maintenir la mobilité de la personne.
Aujourd'hui, les séances de réadaptation ont des objectifs très basiques : en trois séances seulement, nous tentons de réduire les complications, d'aider la personne à se lever ou à améliorer son équilibre et de lui montrer comment utiliser un appareil d'assistance.
« Les gens se déplacent constamment, fuyant la violence et les bombardements, ce qui rend toute forme de suivi extrêmement difficile. Dans cette situation, nous faisons du mieux que nous pouvons », explique Reham.
Dans le cas des amputations, une rééducation physique précoce est normalement nécessaire pour préparer le membre à recevoir une prothèse.
Après l'opération, le patient attend normalement trois à quatre mois pour permettre au moignon d'être préparé pour une prothèse. À Gaza, les bombardements et les pilonnages durent depuis quatre mois et la plupart des amputations sont encore trop récentes pour la pose d'une prothèse.
Pour l'instant, la priorité de HI est de fournir des soins de réadaptation "avant prothèse", impliquant un pansement et une kinésithérapie pour que le moignon ait la bonne forme et puisse accueillir à terme une prothèse.
« Il est encore trop tôt pour poser des prothèses et pour la rééducation après l'appareillage. Le manque de personnel médical et de fournitures essentielles à Gaza empêche les interventions chirurgicales nécessaires pour préparer le moignon. Dans le contexte des blessures de guerre causées par des armes explosives, des opérations multiples, y compris la reconstruction des membres et la chirurgie plastique, sont souvent nécessaires. Ces procédures ne sont actuellement pas disponibles à Gaza, et les gens devront attendre longtemps avant d'obtenir une prothèse », déclare Reham.
HI reste alarmée par le nombre très élevé de victimes civiles, l'absence d'accès humanitaire sûr et le nombre limité de camions pouvant entrer chaque jour dans la bande de Gaza. Avec plus de 800 organisations, HI demande un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin au carnage et garantir l'acheminement de l'aide humanitaire à la population touchée.
HI a lancé son premier projet en Palestine en 1996. Depuis 28 ans, nos équipes répondent aux besoins de la communauté palestinienne - en Cisjordanie et à Gaza - dans plusieurs secteurs. HI Palestine mène des projets de préparation aux catastrophes et de réduction des risques, de réhabilitation physique et fonctionnelle, d'inclusion économique et de redressement économique, et d'éducation inclusive. HI a également apporté des réponses humanitaires urgentes dans des situations de crise.
HI est une organisation de solidarité internationale indépendante et impartiale, qui intervient dans les situations de pauvreté et d’exclusion, de conflits et de catastrophes. Œuvrant aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables, elle agit et témoigne, pour répondre à leurs besoins essentiels, pour améliorer leurs conditions de vie et promouvoir le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
Là où sévissent les conflits, les catastrophes naturelles, la pauvreté et l’exclusion, nous travaillons aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables pour améliorer leurs conditions de vie.