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Une session d'éducation aux risques conduite par HI dans l'Ouest du Yémen. La contamination par les engins explosifs, les restes explosifs, les mines laissés par les combats et les bombardements est un problème majeur alors que la population retourne chez | © B. Van Maele / HI
Publié le 5 septembre, le rapport 2023 de l'Observatoire des armes à sous-munitions révèle que 1 172 personnes dans le monde ont été tuées ou blessées par des armes à sous-munitions en 2022. Il s'agit du bilan de victimes le plus élevé recensé par l'Observatoire depuis sa première publication, en 2010.
Ce chiffre sans précédent s’explique principalement par l'utilisation répétée de ces armes en Ukraine. La Conférence des États parties à la Convention d'Oslo, qui interdit les armes à sous-munitions, se tiendra du 11 au 14 septembre à Genève. HI appelle les États à condamner systématiquement l'utilisation de ces armes barbares et à demander des comptes aux responsables de leur utilisation.
Le rapport 2023 de l'Observatoire des armes à sous-munitions évalue la mise en œuvre de la Convention d'Oslo, qui interdit l'utilisation, la production, le transfert et le stockage des armes à sous-munitions, pour la période allant de janvier à décembre 2022. Le rapport couvre également le premier semestre 2023, lorsque les informations sont disponibles.
1 172 nouvelles victimes d'armes à sous-munitions ont été enregistrées dans huit pays en 2022 : l’Azerbaïdjan, l’Irak, le Laos, le Liban, le Myanmar, la Syrie, l’Ukraine et le Yémen. Il s'agit du bilan annuel de personnes tuées et blessées par des armes à sous-munitions le plus élevé depuis la première publication de l’Observatoire en 2010.
Ce constat alarmant est principalement dû à l'utilisation massive d'armes à sous-munitions par la Russie en Ukraine. Les forces ukrainiennes ont également utilisé des armes à sous-munitions : 916 victimes d'armes à sous-munitions ont été enregistrées en Ukraine en 2022. Parmi elles, 890 victimes sont directement liées à des attaques aux armes à sous-munitions. De nombreuses victimes d'autres attaques pourraient ne pas avoir été enregistrées.
Ces chiffres élevés s'expliquent également par les attaques aux armes à sous-munitions en Syrie en 2022 (84 victimes), et par l'augmentation considérable du nombre de victimes des restes d'armes à sous-munitions au Yémen (95 victimes).
Anne Héry, Directrice Plaidoyer et Relations Institutionnelles de HI :
« Les attaques intenses menées par les forces russes avec des armes à sous-munitions, armes interdites, ont tué et blessé des centaines de civils en 2022 en Ukraine. Elles ont également endommagé des établissements de santé, des usines et des habitations. Les forces ukrainiennes ont également utilisé ces armes dévastatrices. Les armes à sous-munitions sont par nature des armes indiscriminées et 95 % des victimes sont des civils. HI appelle les parties au conflit à cesser immédiatement toute utilisation d'armes à sous-munitions. Elle appelle également les États à faire pression sur les pays qui utilisent des armes à sous-munitions pour qu'ils mettent fin à ces pratiques. Les États parties à la Convention d’Oslo doivent s'acquitter de leur obligation de condamner fermement et systématiquement toute nouvelle utilisation et de demander des comptes aux utilisateurs. »
En 2022, 95 % des victimes d'armes à sous-munitions enregistrées par l'Observatoire étaient des civils.
Sur le nombre total de nouvelles victimes enregistrées en 2022, 987 ont été causées par des attaques d'armes à sous-munitions et 185 par des restes d'armes à sous-munitions.
Les victimes d'attaques avec des armes à sous-munitions ont été enregistrées dans trois pays en 2022 : le Myanmar (pour la première fois), la Syrie et l'Ukraine. Les restes d'armes à sous-munitions ont fait des victimes dans 7 pays : Yémen (95), Irak (41), Ukraine (26), Laos (9), Syrie (6), Liban (5), Azerbaïdjan (3).
Étant donné que jusqu'à 40 % de ces armes n'explosent pas à l'impact, la forte contamination par les restes d'armes à sous-munitions constitue une menace sérieuse pour la population locale dans les pays touchés.
En juillet 2023, les États-Unis ont décidé de fournir des armes à sous-munitions à l'Ukraine. Les États-Unis et l'Ukraine ne sont pas parties à la Convention d'Oslo, signée par 123 États, qui interdit l'utilisation, la production, le stockage et le transfert d'armes à sous-munitions.
HI considère que cette décision crée un dangereux précédent. Elle est inacceptable et doit être clairement condamnée par tous les États parties à la convention : toute utilisation d'armes à sous-munitions, quelle que soit la situation, doit être condamnée.
« HI condamne le transfert par les États-Unis d'armes à sous-munitions à l'Ukraine. Les armes à sous-munitions sont parmi les armes les plus néfastes pour les civils. Elles sont par nature indiscriminées et représentent un grave danger pour les civils, car elles peuvent faire des victimes longtemps après la fin du conflit. Les États parties à la Convention d’Oslo doivent défendre et appliquer la convention et tous les autres textes relatifs au droit international humanitaire. La décision des États-Unis compromet également fortement les efforts d'éradication de cette arme barbare, en créant un précédent ou un "cas de force majeure" : aucune situation ou contexte ne justifie l'utilisation d'armes à sous-munitions », ajoute Anne Héry.
817 personnes ont été blessées par des armes à sous-munitions sur un total de 1 172 victimes en 2022 : les personnes blessées représentent 70 % du total des victimes d'armes à sous-munitions en 2022. Quand elles survivent à l’explosions d’armes à sous-munitions, elles souffrent souvent de blessures graves, voire multiples, touchant des organes vitaux. Elles peuvent avoir les mains ou les pieds arrachés, des blessures aux yeux sont également fréquentes, et ces accidents s'accompagnent souvent d'un traumatisme psychologique. Par ailleurs, les survivants perdent souvent leur estime de soi et sont fréquemment victimes de discrimination.
L'assistance aux victimes est une obligation de la Convention d'Oslo. HI soutient les survivants et leurs familles par le biais de programmes d'assistance aux victimes dans plus de 30 pays.
Depuis l'entrée en vigueur de la Convention le 1er août 2010, 41 pays – 38 États parties, deux signataires et un non-signataire - ont détruit 1,5 million d'armes à sous-munitions, soit un total de 179 millions de sous-munitions. Cela représente 99 % de toutes les armes à sous-munitions déclarées par les États parties. Au total, 26 États et trois régions restent contaminés par des restes de sous-munitions dans le monde.
Les bombes à sous-munitions sont des armes contenant plusieurs centaines de mini-bombes appelées sous-munitions. Conçues pour être dispersées sur de vastes zones, elles tombent inévitablement dans des quartiers civils. Jusqu'à 40 % d'entre elles n'explosent pas à l'impact. Comme les mines antipersonnel, elles peuvent être déclenchées au moindre contact, tuant et mutilant des personnes pendant et après les conflits. Comme elles ne font aucune distinction entre les civils, les biens civils et les cibles militaires, l'utilisation des bombes à sous-munitions viole les règles du droit international humanitaire.
La convention d'Oslo, qui interdit l'utilisation, le stockage, le transfert, la production et la vente d'armes à sous-munitions, a été ouverte à signature en décembre 2008. Actuellement, 123 pays sont signataires de cette convention. HI a cofondé la Coalition contre les armes à sous-munitions qui a joué un rôle majeur dans l'élaboration de la convention d'Oslo. La coalition continue de faire campagne pour l'universalisation et la mise en œuvre de la convention.
HI est une organisation de solidarité internationale indépendante et impartiale, qui intervient dans les situations de pauvreté et d’exclusion, de conflits et de catastrophes. Œuvrant aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables, elle agit et témoigne, pour répondre à leurs besoins essentiels, pour améliorer leurs conditions de vie et promouvoir le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
Là où sévissent les conflits, les catastrophes naturelles, la pauvreté et l’exclusion, nous travaillons aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables pour améliorer leurs conditions de vie.