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Freweyni dans son nouveau fauteil roulant. | © HI
Tilahun Abebe, responsable logistique régional de HI, nous fait part des temps forts de sa récente visite dans le Tigré, en Éthiopie.
Cet été, j'ai pu me rendre au Tigré pendant une semaine. Comme personne n'avait pu rendre visite à notre équipe sur place depuis un moment en raison de contraintes sécuritaires, ça a été l'une des meilleures missions que j'ai effectuées avec HI.
Un matin, pendant le petit-déjeuner avec mes collègues, la silhouette d'une femme est apparue au loin et a attiré mon attention. Je la voyais se frayer un chemin sur le pavé, s'effaçant de mon champ de vision entre les nombreux piétons qui passaient sur la route, rampant sur les mains et les genoux. Nous avons traversé la rue et l'avons retrouvée sur les marches d'un magasin, une main soutenant son poids, l'autre tendue pour quémander de l'argent. Ni l'homme de la boutique ni les passants ne semblaient lui prêter attention. Je n'étais pas surpris, car j'avais déjà remarqué un nombre impressionnant de personnes mendiant dans la rue depuis mon arrivée à Mekele. Des petits enfants aux personnes âgées, ils étaient manifestement des personnes déplacées d'autres régions du Tigré. On pouvait lire sur leur visage que beaucoup d'entre eux n’avaient jamais mendié auparavant et qu’ils vivaient très différemment il y a à peine quelques semaines ou quelques mois.
Je suis citoyen éthiopien, je vis toujours à Addis-Abeba, et j'ai voyagé dans de nombreuses régions du pays où je me suis familiarisé avec les différents types de personnes contraintes de mendier dans la rue.
Mais l'ampleur et la situation désespérée des personnes que j'ai vues dans les rues de Mekele cette semaine-là est quelque chose que je n'oublierai jamais.
La femme a senti que nous nous tenions à côté d'elle et s'est retournée vers nous. Je me souvenais encore de quelques mots de tigrigna que j'avais appris avec des amis d'enfance et sur les réseaux sociaux, alors je l'ai saluée et je me suis présenté. Elle m'a salué en retour, avec gentillesse et en me souriant, et a partagé son histoire avec nous.
Elle s'appelle Freweyni, ce qui signifie « pamplemousse » dans la langue locale. Elle est mère de trois enfants et est née avec un handicap physique. Au cours des années précédentes, elle a été déplacée de chez elle et vit depuis dans divers abris autour du grand marché de Mekele. Son fils aîné a quitté la maison lorsque la guerre a commencé, mais ses deux plus jeunes enfants vivent toujours avec elle, et elle est leur seul soutien. Elle passe ses journées à mendier autour du marché pour essayer de subvenir aux besoins de sa famille.
Après avoir rencontré Freweyni et pris connaissance de sa situation, je l'ai mise en contact avec nos équipes. Depuis, HI lui a fourni un nouveau fauteuil roulant. Grâce à ce fauteuil, elle n'aura plus à ramper pour se déplacer pendant de nombreux mois, voire des années. 50 fauteuils roulants avaient été envoyés au Tigré pour soutenir des personnes vulnérables de la région, et elle en a été l'une des bénéficiaires. J’ai travaillé dans de nombreuses organisations humanitaires pendant plus de vingt ans, mais cette expérience est la plus marquante de toutes. C'est une des raisons pour lesquelles j'aime travailler à HI
HI est une organisation de solidarité internationale indépendante et impartiale, qui intervient dans les situations de pauvreté et d’exclusion, de conflits et de catastrophes. Œuvrant aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables, elle agit et témoigne, pour répondre à leurs besoins essentiels, pour améliorer leurs conditions de vie et promouvoir le respect de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
Là où sévissent les conflits, les catastrophes naturelles, la pauvreté et l’exclusion, nous travaillons aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables pour améliorer leurs conditions de vie.