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Au Bénin, HI renforce l’insertion des personnes handicapées via un accompagnement complet

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Inclusion | Réadaptation | Benin | PUBLIÉ LE 29 janvier 2025
Une femme est assise sur un tricycle et regarde la caméra. Elle est devant un abri fait de tôle et de ciment et on devine derrière elle une rue et d'autres bâtiments.

Flore Adebiyi utilise son nouveau tricycle devant son atelier de coiffure à Cotonou. | © A. Stachurski / HI

Se déplacer plus aisément et développer ses compétences professionnelles : une recette gagnante pour l’inclusion éprouvée par Flore, coiffeuse à Cotonou.

Flore Adebiyi, 43 ans, vit à Cotonou, la capitale économique du Bénin. Mère de deux filles qu’elle a élevées seule grâce aux revenus de son métier de coiffeuse, elle a dû faire preuve de détermination et de courage. Avec HI, Flore a gagné en autonomie et développé ses compétences : grâce à une formation en coiffure, à des orthèses et à son tricycle, elle peut désormais se déplacer en ville pour coiffer ses nombreuses clientes et rêve d’agrandir son atelier.

Perdre l’usage de ses jambes à 6 ans

Je suis née à Cotonou, dans une famille de huit enfants. À 6 ans, je suis tombée malade de la rougeole et mes parents m’ont emmenée à l’hôpital pour me faire soigner. Mais le traitement a été mal injecté et le lendemain je ne pouvais plus bouger mes jambes.

Papa n’a pas lésiné sur les moyens, essayant divers traitements dans l’espoir que je remarche. C’est grâce à lui qu’aujourd’hui je peux bouger les pieds et me déplacer à l’aide de béquilles. Lui-même est tombé malade quelques années plus tard. Nous n’avions plus assez d’argent pour continuer les traitements ni pour que je continue d’aller à l’école.

La maladie de Papa a empiré ; trois ans après, il nous a quitté. Maman a alors décidé de retourner dans son village de Sakété. J’avais 17 ans et je l’aidais comme je pouvais. J’ai d’abord aidé les groupements de femmes et des particuliers à fabriquer du gari, une farine de manioc torréfiée. En réalité, je nourrissais une tout autre envie : depuis que je suis petite, je suis passionnée de coiffure. Dieu m’a donné ce don unique, et c’est pour moi une grande fierté.

« Quand je voyais une nouvelle coiffure, j’appelais une de mes sœurs pour l’essayer sur elle. Alors je me suis lancée : je m’installais au bord de la route et je tressais les femmes, ravies de l’arrivée d’une nouvelle coiffeuse au village. Tout le monde me connaissait et mon activité me permettait de subvenir à mes besoins. »

Élever seule ses deux filles

C’est au cours de ces années que j’ai rencontré l’amour. Au début j’étais très amoureuse ; malheureusement la lune de miel n’a pas duré. Lorsque je suis tombée enceinte de ma fille aînée, mon mari a nié être le père et a exigé que je mette fin à la grossesse, ce que j’ai catégoriquement refusé. J’ai dû me débrouiller seule pendant neuf mois, en ayant recourt à des traitements traditionnels.

Par la suite, mon mari ne nous a jamais soutenues ; c’est grâce à la coiffure que j’ai élevée seule ma fille, ainsi que sa petite sœur née sept ans plus tard. Lorsque ma petite dernière a eu un an, Maman a décidé de retourner vivre à Cotonou et j’ai décidé de la suivre avec mes filles. La famille n’était pas ravie car la tradition veut qu’on laisse sa dernière-née à la charge du mari ; mais pour moi, il en était hors de question !

La liberté retrouvée

Le lendemain de mon arrivée, j’ai pris mon matériel de coiffure et je me suis installée au coin de la rue pour proposer mes services. Je coiffais dans la rue, à la maison, et j’ai rapidement eu des clientes en dehors de mon quartier. À l’époque, j’avais une canne en bois et il m’était difficile de me déplacer. Parfois, je renonçais à sortir de chez moi car je craignais de tomber en chemin.

Un jour, des amis m’ont conseillé de me rendre au guichet unique de protection sociale, un service de l’État qui permet d’identifier les personnes handicapées et de recenser leurs besoins en vue d’y répondre. C’est ainsi que j’ai rencontré les équipes de HI, qui en sont partenaires. Comme j’avais de grandes difficultés à me mouvoir, HI m’a d’abord fourni de nouvelles béquilles et un tricycle.

« Le tricycle me sert énormément pour aller tresser mes clientes dans d’autres quartiers ou pour faire mes courses. Aujourd’hui, je peux aller où je veux, quand je veux – j’ai retrouvé ma liberté ! J’ai aussi reçu des orthèses que je porte pour sortir car elles m’aident à marcher. »

J’avais aussi demandé une aide pour développer mon activité et j’ai pu suivre une formation de six mois en coiffure. Vous savez, aujourd’hui les tendances changent très vite et j’avais besoin de me perfectionner pour rester à la page. Avec mes deux filles à charge, je n’aurais jamais pu me payer cette formation sans l’aide de HI. Pendant la formation, j’ai obtenu un forfait pour mes déplacements, ce qui m’a été très utile.

Son projet : agrandir son atelier

À l’issue de cette formation et en se fondant sur mon projet personnalisé, HI m’a fourni du matériel pour ouvrir mon propre atelier : un grand miroir, des bigoudis, des ciseaux, un lave-tête, un casque à permanente, etc. Ce matériel me sert tous les jours. Je reçois environ six ou sept clientes par jour et ce que je fais le plus, ce sont des tresses. Je fais aussi des manucures et je confectionne des perruques.

« Quand je travaille bien, à la fin de la semaine j’organise un grand repas pour ma famille. J’ai la réputation d’être bonne cuisinière, alors je les gâte ! Ma spécialité ? La pâte de maïs avec des légumes en sauce. »

Je fais partie d’un groupe d’entraide mis sur pied avec l’appui du Guichet Unique de protection Sociale de mon quartier et qui rassemble des artisans de différents corps de métiers. Nous nous réunissons tous les mois pour échanger des conseils sur divers sujets comme les finances, le marketing ou le coaching entrepreneurial. Cette aide est précieuse : avant j’avais beaucoup de dépenses inutiles mais grâce à ces conseils j’ai appris à mieux gérer mon budget et je parviens à mettre de l’argent de côté.

« Je rêve de pouvoir agrandir mon atelier dans un local plus vaste, ou au moins cimenter celui-ci pour qu’il y ait moins de poussière. Je réfléchis aussi à embaucher des apprentis pour transmettre ma passion. »

HI et l’insertion des personnes handicapées

Flore a bénéficié du projet d’insertion professionnelle de HI qui a permis d’accompagner 364 personnes handicapées au travers de projets personnalisés. Certaines ont choisi un emploi salarié en entreprise – informatique, logistique, comptabilité – obtenant parfois un CDD à la clé ; d’autres ont opté pour une formation professionnelle dans divers domaines comme la pâtisserie, le graphisme ou la cordonnerie. À l’instar de Flore, certains ont reçu du matériel pour faciliter le lancement de leur activité, un soutien qui facilite leur insertion dans la société.

« Les compétences de Flore se sont beaucoup améliorées grâce à sa formation, et cela s’est ressenti sur sa clientèle qui a augmenté. Flore a gagné en confiance, elle se sent de plus en plus à l’aise et son insertion sociale est meilleure. C’est ce qui me plaît dans ce travail, je me dis que nos efforts portent leurs fruits et ça me met la joie au cœur », témoigne Boris Cohoun, chargé de volet insertion professionnelle, qui a suivi les progrès de Flore au cours des deux dernières années.

Le projet d’insertion professionnelle de HI a été mis en œuvre entre juillet 2021 et décembre 2024 en partenariat avec de nombreuses administrations et institutions publiques ainsi qu’avec des organismes et associations de la société civile.

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